DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOS RÉSULTATS révèlent une capacité insoupçonnée du système nerveux central (SNC) à restaurer naturellement une aussi grande proportion de connexions après une lésion médullaire », explique au « Quotidien » le Pr Ephron Rosenzweig (université de San Diego). « La voie corticospinale est l’un des systèmes nerveux le moins susceptible de se régénérer après blessure médullaire. Cependant, dans notre étude, les axones qui étaient épargnés par la lésion initiale (environ 10 % de la voie corticospinale originale) ont émis des bourgeonnements pour de nouvelles connexions et ont reconstitué 60 % de la densité originale des connexions nerveuses en dessous de la lésion. »
L’étendue de cette récupération spontanée était inattendue car elle n’est pas observée dans les modèles de rongeurs. Cela souligne l’importance des modèles primates pour traduire la recherche fondamentale (ou préclinique) en traitements cliniques pour les patients traumatisés médullaires.
Après avoir infligé une hémisection latérale de la moelle épinière au niveau de la 7e vertèbre cervicale (C7) chez des singes Rhésus adultes, les chercheurs ont pu constater une importante plasticité spontanée des projections corticospinales, avec reconstitution de 60 % de la densité originale des axones six mois après la lésion ; cela était dû au bourgeonnement des axones croisant la ligne médiane de la moelle épinière.
Cette récupération anatomique est associée à une nette amélioration de la fonction de la main et de la locomotion du côté affecté.
Des implications cliniques.
L’équipe étudie maintenant comment le SNC est capable de générer une repousse spontanée aussi importante après une blessure médullaire. Cette connaissance pourrait en effet ouvrir des pistes pour développer des médicaments capables de majorer ce bourgeonnement spontané chez des individus subissant des traumatismes médullaires plus sévères.
« Même après des lésions sévères de la moelle épinière, il existe souvent des axones épargnés qui peuvent présenter le bourgeonnement que nous avons observé », fait entrevoir au « Quotidien » le Pr Rosenzweig. « Si nous pouvons découvrir les signaux qui déclenchent cette réponse compensatrice, nous pourrions peut-être être en mesure de développer un traitement qui majorera cette réponse et aidera les individus souffrant d’une lésion médullaire sévère. »
« Notre prochain objectif est d’évaluer des traitements qui se sont avérés prometteurs dans des modèles rongeurs de lésion médullaire, afin de voir si nous pouvons majorer ce bourgeonnement spontané. En outre, nous modifierons les modèles rongeurs pour permettre d’examiner les mécanismes sous-tendant ce bourgeonnement. »
Nature Neuroscience, 14 novembre 2010, Rosenzweig et coll., DOI: 10.1038/nn.2691
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