De notre envoyé spécial
Contrairement aux prothèses les plus employées actuellement, le resurfaçage arthroplastique de hanche consiste, à se limiter uniquement au remplacement des surfaces articulaires détruites ou altérées. Les pièces articulaires implantées s’appuient sur le fond du cotyle et sur l’épiphyse fémorale qui est conservée dans sa quasi-totalité. Les prothèses traditionnelles s’appuient, quant à elles, sur une tige ancrée dans la diaphyse fémorale et consistent en une bille (portée par cette tige) articulée avec une cavité hémisphérique cotyloïdienne correspondante. L’interface de glissement (ou de frottement) entre ces pièces prothétiques est variable : couples métal-polyéthylène, céramique-polyéthylène, céramique-céramique pour les prothèses traditionnelles ; couple métal-métal quasi exclusivement pour les prothèses de resurfaçage. Après plus d’un demi-siècle de mise au point ces prothèses traditionnelles sont plutôt fiables et durables.
L’alternative du resurfaçage défendue par ses promoteurs serait, en théorie, plus conservatrice du capital osseux et donc plus volontiers proposable aux sujets jeunes. Cette technique chirurgicale, en réalité déjà utilisée avant le développement des prothèses actuelles, reste plus délicate à maîtriser et à enseigner. L’usage large du resurfaçage met donc statistiquement en péril le niveau d’excellence régulièrement (et patiemment) acquis, par l’expérience, avec les prothèses traditionnelles.
Une reprise par prothèse traditionnelle.
Depuis leur introduction (ou leur réintroduction) il y a une dizaine d’années aux États-Unis les prothèses de resurfaçage bénéficient d’une popularité entretenue par un savant marketing de la part de certains chirurgiens et de la part de l’industrie prothétique. Si bien qu’il existe des équipes expertes dans la qualité de telles implantations. Certes en cas d’échec, une reprise par prothèse traditionnelle ne semble pas différer de la réalisation d’une prothèse de première intention, mais faut-il pour autant préconiser une intervention à plus fort risque de reprise lorsque l’on dispose d’une intervention de fiabilité éprouvée ?
Les chirurgiens orthopédistes sont des spécialistes acquis à l’évolution de leur technique mais leur comportement rappelle souvent celui du transport aérien ou de la construction aéronautique : lorsque la pratique a acquis un niveau de sécurité suffisamment confirmé, on hésite à adopter une innovation imparfaitement validée ou, en cas d’échec ou de complication, beaucoup plus consommatrice de ressources de santé publique. Du point de vue « Hexagonal », on dirait que le service rendu par le resurfaçage peut et doit faire mieux avant d’en élargir les éventuelles indications.
Les arthroplasties totales de hanches sont, dans l’opinion publique, un fleuron prestigieux et durement acquis, de la chirurgie orthopédique moderne. Il convient d’éviter avec l’option du resurfaçage de risquer de ternir cette image… et illustrer ce vieil adage redouté de la spécialité : le mieux peut être parfois l’ennemi du bien.
D’après un symposium international avec les Prs P. Beaule, J. Lieberman, A. Shimmin, D. Murray, R .Trousdale, T. Schmalzried, J. Jacobs, T. Vail, L. Sedel, H. Amstutz, J. Clohisy. 76e congrès de l’American Academy of Orthopaedics Surgeons, Las Vegas.
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