UN ACCIDENT DE LA MAIN survient toutes les 20 secondes. De la simple entorse à l’amputation, cet organe complexe et vulnérable est abîmé dans deux tiers des cas par un geste de la vie courante. Les activités domestiques arrivent en tête (51 %), devant le sport (21 %), le bricolage et le jardinage (14 %), les loisirs et jeux(14 %).
Avec 50 centres d’urgence qui opèrent la main** et 200 chirurgiens spécialisés répartis sur notre territoire, la France dispose d’une belle filière de soins pour sauver les mains abîmées. Le Dr Philippe Bellemère, président de la Fédération des services d’urgence de la main (FESUM), déplore l’augmentation des victimes : plus de 25 % en cinq ans. Avec ses confrères, il se mobilise pour infléchir les chiffres : 1,4 million d’accidents de la main par an ont été recensés en 2008, responsables de 153 500 interventions au bloc opératoire. Une main accidentée coûte en moyenne 12 000 euros, dont 20 % pour le médical et 80 % pour les frais indirects (arrêt de travail, indemnités journalières, perte de productivité). Pour un geste maladroit dans la pose d’une moquette, avec la section d’un seul tendon fléchisseur du doigt, le coût atteint 16 000 euros. Outre l’impact financier, le Dr Jean-Claude Guimberteau, secrétaire général de la Fesum, avance les séquelles psychologiques : « On n’est jamais indifférent face à un ébéniste condamné à changer de métier, alors qu’il aurait pu éviter le drame. »
La plupart des accidents évitables.
« La majorité des accidents résulte d’un manque de précaution élémentaire. Quand on utilise ses mains, on les protège », recommande le Dr Philippe Bellemère. La prévention passe par le choix du bon outil, la préparation du geste, le retrait des bagues, et surtout, le port de gants adaptés à la tâche. La palette est large : le cuir résistant pour ouvrir les huîtres, le 100 % coton enduit de latex pour tailler les rosiers. Il ne faut pas oublier les accidents du travail, qui représentent un tiers des accidents de la main. Les accidents du travail stagnent globalement, mais ils ont tendance, toutefois, à progresser parmi les jeunes apprentis et les artisans.
D’ores et déjà, la FESUM lance donc une campagne d’information dans toutes les grandes villes de France. Espérant que la prévention des accidents de la main sera retenue comme Grande Cause nationale en 2011, elle demande aux pouvoirs publics de faciliter l’accès aux centres d’urgence spécialisés : le Massif central en compte un seul. Or, le temps maximum à parcourir pour rejoindre un centre de prise en charge d’urgence de la main ne devrait pas dépasser6 heures.
Le Pr Jean-Michel Dubernard, chirurgien, auteur de la première allogreffe de main, membre de la Haute Autorité de santé (HAS), soutient le message alarmiste de la FESUM : « 620 000 accidents graves par an, cela représente 1 risque sur 100. Nous pouvons être fiers du modèle français piloté par la FESUM, avec une association public/privé. L’action de ces chirurgiens de la main est d’autant plus remarquable qu’ils sortent de la technique pour s’occuper de la prévention. »
* Après une première étape à Toulon les 22 et 23 octobre, les manifestations se déroulent jusqu’en novembre 2011 dans 21 autres grandes villes, au rythme d’une ou deux villes par mois. Réunions avec des élèves, des apprentis de centres de formation, animations en entreprises et expositions sont au programme. Calendrier sur le site : www.fesum.fr. L’opération est soutenue par l’association pour la prévention des accidents de la vie (APAVC), www.apavc-cfia.fr. Consulter aussi www.accidentsmain.fr.
**Liste des centres spécialisés dans le traitement et la prise en charge des urgences de la main sur www.fesum.fr ; n° Indigo pour les trouver : 0825.00.22.21.
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