Après l’Académie américaine de chirurgie orthopédique et le CDC d’Atlanta, c’est au tour du « JAMA » de publier les résultats plutôt alarmants d’une recherche sur l’utilisation des morphiniques en postopératoire aux États-Unis.
Les données épidémiologiques ont été collectées sur plus de 150 000 patients, vierges de toute prescription d’opiacés auparavant, ayant subi l’une de quatre interventions suivantes : libération du médian au canal carpien, arthroscopie du genou, cholécystectomie laparoscopique, ou cure de hernie inguinale.
Cette cohorte de patients opérés, numériquement impressionnante a été étudiée de 2004 à 2012. Dans les sept jours suivant l’une de ces interventions plus de 80 % des patients ont eu recours à l’usage d’un morphinique majeur. Ce qui est en fait préoccupant pour les chercheurs est que la posologie individuelle de cet usage a substantiellement augmenté au fil des années entre 2004 et 2012. Cette augmentation est à présent proche de 20 %, ce qui est considérable.
Une « épidémie » sans précédent
Les résultats observés alarment d’autant plus les chercheurs que les États-Unis se trouvent confrontés à une « épidémie » sans précédent de toxicomanies. Plus de deux millions d’Américains souffrent d’états d’addiction traçant leur origine dans de telles prescriptions d’antalgiques majeurs. En 2016, près d’un demi-million d’Américains sont héroïnomanes. Chez une très forte proportion de ces derniers, une corrélation caractérisée a pu être établie entre leur addiction et un usage dans les antécédents de morphinique et/ou d’antalgiques majeurs. Il convient de noter que les 4 interventions de référence sélectionnées par les chercheurs s’effectuent quasi systématiquement en ambulatoire. On est donc en droit de se demander si la réduction forcenée des durées de séjour postopératoire et la croisade pour un développement tous azimuts de la chirurgie ambulatoire n’ont pas contribué à l’amplification d’un dommage collatéral de santé publique à la fois alarmant et très coûteux : une épidémie de toxicomanies d’origine iatrogène.
D’après Dr Hannah Wunsch et Coll. JAMA on line du 15 mars 2016. doi:10.1001/jama.2016.0130.
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