« CETTE INTERVENTION caractérisée par une haute technicité, demeure exceptionnelle. Elle était la seule alternative pour ôter la lésion cancéreuse dans le cas de cette patiente. » La femme, âgée de 52 ans, souffrait d’un chondrosarcome étendu intéressant un hémi-bassin quasiment dans sa totalité. La tumeur de volume important ne lassait indemne qu’une petite portion d’os près du pubis. Le chodrosarcome ne répondant ni à la chimiothérapie, ni à la radiothérapie, doit être enlevé pour espérer une guérison. Au moment du diagnostic il n’y avait pas de métastases visibles par les moyens d’investigation (IRM et scanner).
L’intervention, qui a duré plus de douze heures, a d’abord nécessité l’ablation de la moitié du bassin. Pour la reconstruction, dans cette situation, il existe trois options :
- une greffe allogénique à partir d’os provenant d’une banque d’os. Mais, pour un volume osseux aussi important, les probabilités de non-intégration avec évolution vers la nécrose sont trop importantes ;
- l’utilisation de matériaux métalliques ajustés aux mesures, à fixer aux moyens de vis et de plaques. Mais dans ce cas, les contraintes mécaniques importantes conduiraient à une faillite mécanique ;
- l’utilisation de la partie haute du fémur pour mettre à la place du bassin. « Cela ne reconstruit pas le bassin ni les ailes iliaques, mais cela permet de refaire un anneau circulaire. Une fois qu’il est consolidé sur le sacrum et le pubis, il a une résistance normale et peut recevoir une prothèse de hanche. »
Le fémur de la patiente a été prélevé avec une section entre le 1/4 et le 1/3 supérieur. La tête fémorale a été dépourvue de son cartilage. Elle a été fixée sur l’aileron sacré à l’aide de vis. La portion diaphysaire du fémur a été fixée sur le pubis. « C’est la rotondité de la partie haute du fémur qui permet de reconstituer un anneau. »
Dans le même temps opératoire, une cavité cotyloïdienne est reconstituée, pour recevoir une prothèse de hanche d’un type particulier, dit « type tumeur ».
L’intervention a été réalisée en association avec un chirurgien viscéral qui a reconstitué le fond du bassin pour contenir les viscères abdominaux, à l’aide d’une plaque comme ce qui est mis en place dans les hernies. La chirurgie est très lourde et peut être très sanglante. Mais dans le cas de cette patiente, il n’a été nécessaire de transfuser que quatre culots globulaires.
Probablement une seule canne à l’avenir.
La patiente a été opérée le 20 mai. Il a fallu attendre trois mois, ce qui est la durée de consolidation des fractures des membres inférieurs, pour qu’elle puisse marcher, avec l’aide de deux cannes.
L’évolution qui est très bonne, permettra probablement de n’utiliser qu’une seule canne. Les nerfs et vaisseaux ont tous pu être conservés, ce qui fait espérer une bonne récupération fonctionnelle. Mais « Les muscles qui s’insèrent sur l’aile iliaque n’ont plus d’attache, il est probable qu’une boiterie persistera, et que l’utilisation d’une canne pourra l’atténuer. »
La malade a reçu un traitement antalgique pendant le temps nécessaire, au bout d’un mois elle n’avait plus de douleurs. Elle a eu aussi des anticoagulants préventifs.
Actuellement, elle n’a plus de douleurs, elle est en centre de rééducation. La rééducation a d’ailleurs commencé très tôt pour éviter la fonte musculaire.
Un orthopédiste français.
Cette chirurgie de reconstitution d’une large partie du bassin par autogreffe du fémur est caractérisée par une haute technicité. Seuls quelques cas similaires ont été réalisés à travers le monde. Cette intervention permet de traiter des cancers qui jusque-là ne bénéficiaient que de traitements palliatifs. C’est Jean Pujet, un orthopédiste français, qui l’a mise au point à la fin des années quatre-vingts. Elle n’a été que rarement été appliquée dans des cas ou le remplacement a réaliser est aussi étendu.
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