Un médecin seul ne peut donc pas décider d’opérer son patient de façon hâtive. Néanmoins les experts pointent du doigt certains usages risqués : il y aurait, en France, une tendance à opérer parfois un peu vite des patients qui ne seraient pas de bons candidats à la chirurgie bariatrique. « Dans les années 2000, certains chirurgiens décidaient d’opérer à la suite d’une seule consultation alors qu’une prise en charge médicodiététique du patient de six mois à un an est indispensable avant la chirurgie », note Marie Citrini, secrétaire générale du Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO). La chirurgie bariatrique est en effet perçue - à tort - comme une solution miracle pour beaucoup de patients obèses. « Aujourd’hui encore, certains chirurgiens profitent de leur crédulité pour les opérer trop vite, en négligeant la phase de réflexion et d’information ainsi que les examens médicaux préalables. De son côté, la Société Française & Francophone de Chirurgie de l’Obésité et des Maladies Métaboliques (SOFFCO-MM) a mis en place depuis 2006 un registre sur lequel les chirurgiens indiquent le nombre d’interventions pratiquées chaque année. C’est par ce biais, que nous avons, par exemple, appris qu’un chirurgien pratiquait 1 200 interventions bariatriques par an. Ce qui est beaucoup trop. Dans ces conditions, il ne pouvait pas assurer le suivi postopératoire obligatoire de ses patients. Une autre dérive que nous avons constatée est celle des adolescents obèses opérés d’emblée, en première intention, par by-pass, alors que des solutions moins lourdes (tels que l’anneau gastrique) permettent de réintervenir en cas d’échec », précise Marie Citrini.
Mettre fin aux dérives.
Toutefois, depuis les recommandations de la HAS de 2003 et de 2009, les chirurgiens français sont globalement plus respectueux des règles de bonne pratique. « Aujourd’hui, la plupart des équipes médicales les suivent, indique le Pr Jean-Marc Catheline,spécialiste de la chirurgie de l’obésité à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. C’est à nous d’informer le patient obèse, avant l’opération, des risques de complication à court et à long terme, quelle que soit la technique opératoire utilisée. Et de l’inciter à se faire suivre par une équipe pluridsciplinaire sur le long terme, après l’intervention. Beaucoup de patients ont un problème d’observance. Ils disparaissent après l’opération et reviennent nous consulter quelques années plus tard, lorsqu’il y a un échec de perte de poids ou des complications. »
* Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI).
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