LE CHALLENGe était d’obtenir un greffon capable de dégradation et remodelage rapides, c’est- à-dire en moins de trois mois, et ayant les propriétés mécanistiques et l’élasticité nécessaires et suffisantes pour résister à la pression artérielle immédiate qui s’exerce après implantation. Une perspective relativement nouvelle dans les techniques vasculaires.
Classiquement, les matériaux utilisés dans les pontages vasculaires sont assez résistants : c’est le cas pour des autogreffes ou les produits issus du génie tissulaire, ce qui a comme conséquence de limiter le remodelage, non effectif avant six à douze mois ; de plus, l’endothélialisation se fait essentiellement aux dépens d’une matrice collagène alors que la quantité d’élastine est relativement modeste. Toutefois, l’expression en élastine est un phénomène continu, ce qui, pour les auteurs, prouve que l’hôte est un bon donneur de cellules et qu’un support plus adapté pourrait résoudre le problème.
Wei Wu et coll. ont donc travaillé sur trois critères fondamentaux pour établir un support de greffe : la vitesse de dégradation, les propriétés mécaniques et la taille des pores. L’étape cruciale est en effet la rapidité de la dégradation qui induit les phénomènes inflammatoires permettant la colonisation et la prolifération cellulaires.
Pulsatile, synchrone et compliant.
Le « greffon » est en fait un tube élastomère, poreux, inerte, hépariné, de 1 mm de diamètre, mis en place sur une aorte de rat sans ajout d’héparine systémique ; les auteurs ont suivi sa transformation in vivo pendant trois mois. Le greffon soumis d’emblée à une pression de 120 mmHg et aux contraintes hémodynamiques locales comme lors d’un pontage, a rétabli un flux sanguin non obstructif.
Dès le 3e jour, des cellules mononucléées avaient colonisé le greffon ; au 14e jour, sont apparues les premières cellules musculaires lisses dont on sait qu’elles jouent un rôle capital dans la compliance artérielle. Et au 28e jour, ces cellules étaient réparties uniformément autour de la matrice. La réaction inflammatoire avait totalement disparu au 90e jour ainsi que le polymère qui a servi de tuteur laissant place à un tissu artériel, pulsatile et synchrone, compliant et, au final, possédant toutes les caractéristiques d’une artère native.
Reste à savoir si cette technique appliquée chez le rat est reproductible chez l’homme. Il y a des limites connues : on sait que les cellules endothéliales du rat ont un plus gros potentiel régénératif que celles de l’homme (et surtout de l’homme âgé). De plus les rats utilisés dans cette expérience n’étaient pas athérosclérotiques.
Les auteurs vont également examiner la cinétique du recrutement cellulaire dans le temps et « pister » l’origine des cellules musculaires lisses qui constituent le mur artériel afin d’imaginer des moyens accélérer leur recrutement.
Nature Medicine 24 juin 2012
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