Le seul rôle démontré de la vitamine D est celui sur le système ostéo-articulaire, en particulier le rachitisme. Dans les autres domaines, on a des présomptions sur son effet éventuel dans les maladies cardiovasculaires, neurodégénératives, le diabète, le cancer, etc. « On constate fréquemment des taux abaissés de vitamine D dans ces pathologies, mais aucune étude d’intervention n’y a réellement démontré le bénéfice d’une supplémentation », commente la Pr Marie-Thérèse Leccia (Grenoble). De plus, le dosage ne mesure que la 25(OH)D et non la forme active, la 1,25(OH)2D3 (calcitriol).
Un métabolisme complexe
Rien ne permet actuellement d’affirmer une corrélation entre taux de vitamine D circulante et effets du calcitriol. Il existe des variations inter- et intra-individuelles selon l’âge, le sexe, le phototype, l’exposition aux UV, et la transformation en forme active est influencée par les comorbidités, les habitudes nutritionnelles, l’obésité, la prise de médicament. Le polymorphisme génétique du gène codant pour le récepteur de la vitamine D intervient aussi dans les effets biologiques exercés par la vitamine D d’une personne à l’autre.
Un dosage bien encadré
L’intérêt supposé de la vitamine D a conduit à une explosion des dosages, pour un coût de 92 millions d’euros en 2011. Ce qui a amené l’HAS, en 2013, à réserver ce dosage à six situations cliniques bien spécifiques : la suspicion de rachitisme, l’ostéomalacie, la transplantation rénale, où il existe souvent une carence avérée, la chirurgie bariatrique, les personnes âgées exposées aux chutes. En dehors de ces cas, le dosage est inutile.
S’il y a doute sur un terrain à risque de carence, on supplémente selon les recommandations, soit une ampoule, renouvelée de 1 à 3 mois plus tard, en bannissant les supplémentations au long cours qui peuvent être délétères, avec un risque d’hypercalcémie, d’hyperphosphatémie ou de lithiase rénale. « Il est vraisemblable qu’il faille tenir compte du poids et augmenter les doses chez les obèses », estime la dermatologue.
Enfin, une exposition au soleil limitée, de 5 à 30 minutes trois fois par semaine selon le phototype, suffit à synthétiser une quantité suffisante de vitamine D, y compris avec une protection solaire. C’est seulement dans des situations extrêmes – personnes âgées institutionnalisées, certaines pathologies chroniques, traitements immunosuppresseurs ou xeroderma pigmentosum – que cette exposition est insuffisante. Il reste cependant des questions sur les effets de la pollution, des pesticides, de l’alimentation, par exemple, sur la synthèse de vitamine D.
exergue : Rien ne permet d’affirmer une corrélation entre taux de vitamine D circulante et effets du calcitriol
Entretien avec la Pr Marie-Thérèse Leccia, CHU de Grenoble
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