Impact psychologique
« Comme toutes les pathologies que l’on " affiche ", la couperose induit une altération majeure de la qualité de vie, altération que l’on estime d’ailleurs supérieure à celle causée par le diabète », souligne le Pr Schmutz. La couperose, qui se définit par la présence permanente de petits vaisseaux sanguins visibles à la surface de la peau, représente la deuxième phase de la rosacée. Les lésions se dessinent sur fond de rougeurs du visage localisées au niveau des pommettes, du nez, du menton, du front et du cou. Cette phase survient après un premier stade caractérisé par l’apparition de flushes ou rougeurs transitoires. « La rosacée est une pathologie très répandue, qui touche préférentiellement les sujets à peau claire et pour laquelle il existe une prédisposition familiale. » Sa prévalence est estimée à 3-5 % dans la population générale et va jusqu’à 10 % en Suède. « Les personnes atteintes de couperose auront naturellement tendance à s’isoler, explique le Pr Scmutz, l’aspect relationnel leur posera plus de problèmes car elles craignent que leurs lésions ne se voient. » Les émotions fortes constituent d’ailleurs des facteurs aggravants qui pourront induire des rougeurs transitoires. « Certains iront même jusqu’à développer une véritable phobie sociale. » Même chose vis-à-vis d’autres facteurs déclenchants et en particulier l’alcool : « La prise d’une simple gorgée d’alcool et surtout de vin rouge, suffit à provoquer une poussée de la maladie, voilà pourquoi on l’associe depuis toujours à l’alcoolisme. » Les sujets atteints adapteront alors leur quotidien en évitant de s’exposer à ces situations à risque, mais souvent au détriment de leur vie sociale et familiale. « Il n’existe pourtant aucun lien entre alcoolisme et couperose », précise le Pr Schmutz. Mais les idées reçues sont tenaces et la honte véhiculée par l’image de la maladie entraine souvent un déni de celle-ci et un retard diagnostic préjudiciable.
L’apport du laser vasculaire
« Sans traitement, la maladie aura naturellement tendance à s’aggraver et les lésions une fois installées ne régresseront pas. » Le Pr Schmutz insiste sur l’importance d’une prise en charge précoce, car plus l’on traite tôt et plus on évite à la couperose de parvenir au stade des pustules faisant évoquer l’acné, la troisième phase de la rosacée. « Le traitement de la couperose est essentiellement basé sur les lasers vasculaires, et tout particulièrement le laser à colorants pulsés, capables de faire disparaître totalement toutes les lésions couperosiques. Il y a quelques années, était volontiers pratiquée l’électrocoagulation, mais aujourd’hui le laser est devenu un traitement de plus en plus diffusé et facile d’accès. La majorité des dermatologues en sont équipés et l’utilisent quotidiennement dans leur cabinet. »
Prévention
Au traitement des poussées s’associe nécessairement la prévention des récidives ultérieures de la maladie. Les facteurs déclenchants que sont le soleil, les brusques variations chaud/froid, les boissons très chaudes, les épices, l’alcool et le tabac devront être évités au maximum, tout en trouvant un juste milieu avec le maintien d’une vie sociale équilibrée. Le Pr Schmutz prône surtout l’utilisation d’une protection solaire quotidienne à indice élevé, afin de ne pas s’exposer à des récidives trop rapides.
Au stade d’acné rosacée, la prescription de traitements locaux à base de métronidazole, ou généraux à base d’antibiotiques du type doxycycline, s’impose le plus souvent, mais toujours en prenant soin de les associer à un traitement préalable des lésions de couperose par laser. « Les médecins oublient souvent la prise en charge préalable de la couperose pourtant incontournable si l’on souhaite éviter les rechutes. » Notons qu’il s’agit d’une maladie essentiellement esthétique, mais pour laquelle le préjudice peut être majeur. Le quatrième stade de la maladie, ou rhinophyma (augmentation difforme du volume du nez) ne survient heureusement qu’exceptionnellement, et surtout chez les hommes. Des atteintes oculaires sont par ailleurs possibles, de type conjonctives ou hyperhémie conjonctivale, avec ou sans atteinte de la paupière. Ces complications ne sont pas rares, mais ne présentent pas de caractère de gravité et entraînent avant tout une gêne oculaire. Leur traitement nécessite le plus souvent un traitement antibiotique par voie générale.
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