Psoriasis

Les biothérapies sous-utilisées

Publié le 16/01/2012
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Crédit photo : BSIP

La prise en charge des formes sévères de psoriasis s’est profondément modifiée ces dix dernières années avec le développement de stratégies thérapeutiques nouvelles reposant sur l’utilisation de molécules issues des biotechnologies : les biothérapies. Les inhibiteurs du TNF-alpha sont approuvés depuis plusieurs années dans les formes graves, chroniques de psoriasis en plaques ainsi que dans les formes polyarticulaires de la maladie, résistant aux traitements conventionnels.

L’étanercept a été le premier inhibiteur utilisé. C’est une protéine de fusion mimant le récepteur du TNF-alpha et inhibant de manière compétitive la liaison, empêchant ainsi ses effets inflammatoires. L’efficacité de cette thérapie a été démontrée : l’amélioration constatée est de 33 à 50 % selon la posologie du traitement, pouvant aller, à 6 mois, jusqu’à 70 % du score de sévérité. En pratique, la prescription est réservée aux malades pour lesquels deux parmi les trois traitements classiques (photothérapie, ciclosporine, méthotrexate) sont en échec ou contre-indiqués. Le schéma d’administration de ce traitement peut être continu ou intermittent.

Deux autres anticorps monoclonaux, l’infliximab et adalimumab, représentent le second type d’inhibiteurs du TNF-alpha. Ils sont dirigés spécifiquement contre le TNF-alpha et neutralisent son action. L’infliximab est un anticorps chimérique humain et murin. Cet agent thérapeutique, administré par voie intraveineuse, permet une amélioration d’au moins 75 % du score de sévérité chez 80 % des patients, résultats confirmés au bout de 6 mois (1). Quant à l’adalimunab, d’origine humaine, il apparaît moins efficace, à court terme, que l’infliximab, mais semble plus efficace que la protéine de fusion. Toutefois, ces dernières données sont à relativiser car il n’existe pas pour l’instant d’essais comparatifs entre les différents anti TNF-alpha dans cette pathologie.

D’autres biothérapies sont développées ou en cours de développement. Parmi elles, on peut citer un anticorps monoclonal, l’ustekinumab. Cette molécule, commercialisée en France depuis mars 2010, est spécifiquement dirigée contre une protéine (p40) entrant dans la composition de l’IL-12 et de l’IL-23, deux cytokines inflammatoires ayant un rôle dans l’inflammation cutanée au cours du psoriasis. Un avantage de l’ustekinumab réside dans un rythme d’injections moindre (tous les 3 mois). Également à l’étude, d’autres anticorps humains ciblant d’autres cytokines, l’IL-17 et l’IL-22, sont actuellement étudiés.

Malgré une recherche accrue sur ces nouvelles biothérapies et une efficacité reconnue dans le psoriasis, leur prescription néanmoins peine à se développer. Les causes majeures avancées sont en premier lieu la crainte des effets indésirables (infections et risques de cancers), la contrainte de la prescription hospitalière, les difficultés d’une relation entre les dermatologies libérales et hospitalières, et… le fatalisme des patients et des médecins devant le psoriasis.

D’après une conférence de presse organisée par le congrès, avec la participation du Pr H Bachelez (hôpital St Louis, Paris)

(1) Griffiths CE, Strober BE, van de Kerkhof P et coll. N England J Med 2010;362:118 -28

 Dr Martine DURON-ALIROL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9066