RAPPELONS QUE L’APREMILAST illustre, avec les inhibiteurs de JAK-kinases, le retour en force de la chimie dans un monde dominé par les biothérapies, avec un avantage potentiel important, un moindre coût de production. Son mécanisme d’action est original, inhibant la phosphodiesterase 4 (PDE4) qui joue un rôle clé dans l’inflammation qui sous-tend la physiopathologie du psoriasis.
En inhibant la PDE4, on élève les taux d’AMP cyclique, avec pour conséquence une diminution de l’expression de plusieurs cytokines pro-inflammatoires (TNF- alpha, IL-23) et aussi une stimulation de certaines cytokines anti-inflammatoires (IL-10).
Une diminution du score PASI
Après les résultats positifs présentés à l’automne dernier dans le rhumatisme psoriasique, on attendait les résultats de la première phase (16 semaines) de l’étude Esteem 1 comparant l’apremilast (30 mg x 2/j, per os) au placebo chez quelques 800 patients présentant un psoriasis modéré à sévère (évoluant depuis plus d’un an chez des sujets de plus de 18 ans).
Résultats positifs puisque 33 % des sujets traités enregistrent une diminution de plus de 75 % du score PASI (voir encadré), contre 5,3 % dans le groupe placebo (p‹0,0001), avec une amélioration rapide, significative dès la 2ème semaine. En outre, ce bénéfice se manifeste dans tous les sous-groupes de patients (1/3 de la population n’avait pas reçu antérieurement de traitement systémique et/ou de photothérapie et, à contrario, près de 30 % des patients avaient reçu des biothérapies). Enfin l’efficacité se manifeste sur les critères secondaires de jugement : score SPGA (static physician global assesment, score BSA, prurit, qualité de vie…).
Bonne tolérance
Autre élément important, les résultats présentés semblent confirmer la bonne tolérance de l’apremilast, avec en particulier l’absence de troubles dysimmunitaires, d’infections opportunistes (en particulier de tuberculose) et de pathologies malignes (même si une surveillance à plus long terme s’impose dans ce domaine). La tolérance cardiovasculaire apparaît également bonne.
Les seuls effets secondaires notables sont les diarrhées (18,8 % versus 7,1 %) et les nausées (15,7 % vs 6,7 %), responsables respectivement de 1,8 % (vs 0,4 %) et de 1,3 % (vs 0,4 %) d’arrêts de traitements. Mais, globalement, le pourcentage de patients présentant des effets secondaires sévères était équivalent sous apremilast et sous placebo (3,6 % vs 3,2 %).
L’ensemble de ces résultats font dire au Pr K. Reich (Hambourg, Allemagne) que l’apremilast apparaît comme une nouvelle option pour traiter les psoriasis modérés à sévères, en particulier pour les formes plus modérées, compte tenu du profil de tolérance et du moindre coût. Mais pourra-t-on éviter des études comparatives avec les anti-TNF, avant de définir complètement la place de cette molécule ?
›Dr ALAIN MARIÉ
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