Les premiers résultats du consortium français pour le pancréas artificiel Diabeloop ont été rapportés par deux équipes. L’algorithme de pilotage de la pompe, au cœur du système, a été élaboré par les ingénieurs du CEA-LETI de Grenoble. Il est type Model Predictive Control (MPC). Les premiers essais ont été d’emblée conduits dans des situations de déséquilibre glycémique maximum, comme la période prandiale ou la période d’activité physique.
Le Pr Pierre-Yves Benhamou (Grenoble) a rapporté les résultats des essais réalisés dans son équipe à Grenoble ainsi qu’à Toulouse chez 12 patients DT1 au cours d’un repas, plus ou mois riche en glucides et plus ou moins bien renseigné, avec une amorce préalable de 50 à 75 % de la dose d’insuline théorique prandiale (abstract O49). Dans ces conditions relativement difficiles, le temps passé dans l’intervalle glycémique [70-180] mg/dl était de 85 ± 21 % avec l’algorithme et seulement de 69 ± 34 % lors de l’épreuve témoin réalisée en cross-over, avec le traitement habituel des patients. Ceux-ci étaient par ailleurs plutôt bien entraînés à gérer leur diabète, qui était assez bien contrôlé (HbA1c 7,3 %). Quant au temps passé ‹ 70 mg/dl, il n’était que de 0,2 ± 0,8 %, contre 4,4 ± 8,2 % pendant la période témoin.
Sylvia Franc a rapporté les résultats obtenus à Corbeil selon le même protocole chez 6 patients, cette fois en testant une activité physique (AP) plus ou mois intense, annoncée ou non (abstract O50). Le temps passé dans l’intervalle glycémique [70-180] mg/dl était de 70 ± 30 % avec l’algorithme, contre 57 ± 20 % (période témoin) dans l’après-midi suivant l’AP, et de 84 ± 16 % contre 66 ± 28 % la nuit suivante. Mais, surtout, le temps passé ‹ 70 mg/dl pendant la nuit était de 6 ± 11 %, contre 17 ± 17 % pendant la période témoin. Aucune de ces différences n’était cependant statistiquement significative, car il s’agissait d’études pilotes, non formatées pour cela. Elles ont néanmoins permis de valider et d’améliorer l’algorithme qui devrait être testé en boucle fermée pendant 24 heures chez 15 patients très prochainement.
Sécurité de la captation glycémique
Un pancréas artificiel réclame non seulement un algorithme de pilotage performant, mais aussi des données glycémiques fiables. Pour augmenter la sécurité de fonctionnement, il a été prévu, dans le projet Diabeloop, l’incorporation des données de deux Mesures continues du glucose (MCG) concomitantes, un capteur contrôlant l’autre. Sera-ce toujours suffisant ? Le Pr Bruno Guerci (Nancy) rapporte les données de deux MCG Dexcom Seven + comparées aux glycémies veineuses colligées chez 35 patients DT1 traités avec une patch pompe, la Jewel Debiotech, pendant 24 heures (abstract PO28). 17 919 valeurs glycémiques ont ainsi été colligées par les deux MCG. Cependant, dans 18,4 % des cas – soit 1 819 valeurs – une seule valeur était disponible, l’autre capteur étant transitoirement pris en défaut, et 6 % des valeurs étaient hors zone A ou B de la grille de Clarke, c’est-à-dire, en pratique, considérées comme incorrectes. Quand deux valeurs étaient disponibles, dans 3,2 % des cas une seule était en zone A ou B et l’anomalie facilement repérable. En revanche, dans 2,7 % des cas, les deux valeurs divergeaient simultanément, et l’anomalie persistait plus de 10 minutes… Cela aurait pu amener un système de pancréas artificiel à prendre une mauvaise décision dans 12 cas, avec donc des conséquences cliniques possibles 12 fois en 24 heures chez 35 patients !
Ce problème pourra sans doute être amélioré par des MCG plus performants (mais qui ne seront jamais parfaits), et aussi sans doute par des algorithmes d’analyse des données de glucose interstitiel, prenant en compte à la fois les circonstances et l’allure d’évolution des valeurs, pour détecter des anomalies et générer si nécessaire une alarme. Il y a encore de quoi faire pour les algorithmiciens !
En ambulatoire
Le Pr Éric Renard a présenté les résultats obtenus à Montpellier chez quatre DT1, utilisant un système comportant une pompe asservie à un algorithme MPC, visant le maintien d’une glycémie entre 70 et 180 mg/dl, géré par un smartphone (DiAs) et recueillant les données glycémiques d’un MCG Dexcom G4 (abstract PO26). Les repas libres étaient couverts par un bolus calculé. Le système a fonctionné en boucle fermée pendant une journée (à l’hôpital) et une nuit (à l’hôtel), sans panne, 73 % des valeurs glycémiques étaient dans la cible [70-180] mg/dl, avec seulement 0,3 % des valeurs ‹ 80 mg/dl, une hypoglycémie chez un patient et trois chez un autre. Cette courte étude a confirmé la faisabilité d’un usage ambulatoire de systèmes en boucle fermée, et ouvre la porte à des études plus larges avec comparateur.
Centre hospitalier Sud Francilien, Corbeil-Essonnes.
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