La sociologue Amandine Rochedy a étudié, avec l'appui du Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS), l'impact de l'arrivée d'un premier enfant ou du passage à la retraite sur le triptyque « alimentation, sommeil, activité physique ». Ces deux périodes sont celles durant lesquelles les comportements sont le plus perturbés. Elles nécessiteraient donc des recommandations de santé publique adaptées.
Manger cinq fruits et légumes par jour, pratiquer une activité physique régulière, éviter de rester trop longtemps assis, dormir entre sept et neuf heures... Les recommandations hygiéno-diététiques commencent à être connues sinon de tous, du moins par le plus grand nombre. Mais elles souffrent d'au moins deux défauts. Tout d'abord, elles sont perçues par beaucoup comme difficilement applicables. Mais en plus, elles sont uniformes : tout le monde est logé à la même enseigne, quel que soit le stade de la vie où il se trouve.
C'est cette difficulté qu'a voulu explorer la sociologue Amandine Rochedy, post-doctorante à l'université de Toulouse. Pour ce faire, elle a étudié les comportements en matière d'alimentation, de sommeil et d'activité physique de deux types de populations d'individus ayant récemment connu une rupture importante dans leur parcours de vie : les jeunes parents qui viennent d'avoir un enfant d’un côté, et les nouveaux retraités de l’autre.
Entre avril et août 2018, elle a mené des entretiens avec 16 familles ayant un enfant de moins de 18 mois, et avec 30 nouveaux retraités ayant arrêté de travailler il y a moins d'un an. « Il s'agit de deux périodes pour lesquelles la contrainte de temps est inversée : pour les jeunes parents, elle apparaît, tandis qu'elle disparaît pour les jeunes retraités », explique Amandine Rochedy. Cette modification va entraîner des bouleversements dans les comportements relatifs à l'alimentation, à l'activité physique et au sommeil.
« Pas une minute pour nous » vs « Prendre le temps »
« Pour les jeunes parents, le sommeil est la dimension qui évolue le plus », explique la chercheuse, mentionnant des couplés épuisés par les réveils incessants de leur progéniture. « L'alimentation vient en deuxième position, avec une diminution du temps passé à préparer le repas et à manger. » Quant à l'activité sportive, elle diminue en vertu du mantra des jeunes parents : « Pas une minute pour nous ».
Pour les jeunes retraités, c'est tout l'inverse. « Ils réinvestissent la cuisine, ont envie d'acheter des produits frais et bruts », explique Amandine Rochedy. Une propension à mieux disposer de son temps qui s'accompagne d'une diversification de l'activité physique : marche à pied, bricolage, ménage, sport... « Cela dit, les retraités ont tendance à sous-estimer leur sédentarité », note la sociologue. Car prendre le temps, c'est aussi prendre le temps de rester assis devant un écran, avec un livre ou au téléphone. Quant au sommeil, la majorité des nouveaux retraités considère bien se porter de ce côté-là, surtout en regard de la situation qu'ils connaissaient avant le passage à la retraite.
Reste la grande question : que faire de ces résultats ? Pour Amandine Rochedy, les choses sont assez claires. Les périodes charnières de la vie sont celles où les habitudes se construisent. « Il y a là des fenêtres d'opportunité sur lesquelles les politiques publiques peuvent agir », estime la Toulousaine. Alors, à quand un Programme national nutrition santé (PNNS) moins uniforme, décliné en fonction des âges et des différentes périodes de la vie ?
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