Occasion d’échanges abondants entre professionnels de santé et chercheurs, le congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) se déroulera du 23 au 26 mars. La pandémie de Covid-19 a eu un impact évident sur les structures de prise en charge des patients diabétiques et sur les patients, qui ont dès le début de l’épidémie été considérés comme une population particulièrement fragile vis-à-vis de ce virus.
Covid-19, un risque de décès augmenté de 20 %
L’étude Coronado, projet multidisciplinaire mis en place en seulement quelques semaines, a fédéré tous les acteurs de la diabétologie française. L’implication de quelque 68 centres en métropole et dans les outre-mer a permis d’inclure, entre le 10 mars et le 10 avril 2020, près de 3 000 patients diabétiques hospitalisés pour Covid-19. Au terme du suivi de 28 jours après l’admission, la moitié des patients avaient pu retourner à leur domicile, 20 % étaient décédés, 17 % transférés dans un autre centre ou en SSR et 12 % étaient encore hospitalisés.
Les analyses multivariées ont permis de mettre en évidence des facteurs de mauvais pronostic : l’âge avancé (paramètre majeur), les antécédents de microangiopathie et les marqueurs biologiques de l’inflammation. À l’inverse, un traitement habituel par metformine et un long délai entre les premiers symptômes et l’hospitalisation étaient des facteurs de bon pronostic.
De façon surprenante, l’HbA1c s’est avérée un paramètre neutre. Le risque est apparu plus faible chez les diabétiques de type 1 (DT1), qui représentaient 3 % de la cohorte, sans doute du fait de leur plus jeune âge, mais aussi chez les femmes, à l’instar de ce qui est observé sur l’ensemble de la population. D’autres analyses sont en cours, et il semble notamment que la chirurgie bariatrique n’ait pas d’effet délétère, voire aurait plutôt un effet favorable.
Deuxième étape : la comparaison avec les personnes non diabétiques, objet de l’étude Coronado-Control, qui a apparié sur l’âge, le sexe et le centre, près de 2 200 patients non diabétiques également hospitalisés pour Covid-19. Les premières analyses confirment l’augmentation du risque de décès en cas de diabète, avec un odds ratio de 1,21 pour la mortalité et de 1,34 pour le critère combiné décès et intubation à J28.
Le rôle délétère des perturbateurs endocriniens
Autre grand axe du congrès, en lien avec le doublement attendu de la prévalence du diabète dans les 20 prochaines années : le rôle des perturbateurs endocriniens dans la genèse du diabète. Les travaux, qui soulignaient jusqu’alors surtout leur impact délétère sur la reproduction et les cancers, mettent désormais aussi en avant un impact métabolique.
On estime ainsi que le bisphénol A aurait été responsable en 2010 en Europe de plus de 40 000 cas d’obésité infantile, le DDE (métabolite du DDT persistant dans les sols pendant des décennies) ayant été pour sa part potentiellement impliqué dans la survenue de quelque 30 000 cas de diabète de type 2 (DT2). La pollution atmosphérique, en particulier via les nanoparticules, pourrait de son côté expliquer l’augmentation de l’incidence du DT1 observée au Royaume-Uni chez les enfants de moins de 10 ans.
Hommes et femmes ne sont pas égaux
L’analyse du rôle de potentiels nouveaux diabétogènes est d’autant plus complexe que leurs effets semblent dépendre du statut hormonal. La question de l’impact du sexe ou du genre en médecine est une préoccupation importante à l’heure de la médecine personnalisée. En matière de DT2, il y a une nette prédominance masculine, avec un sex-ratio de 1,5 pour la prévalence globale.
Ces différences sont influencées par le sexe (en particulier chromosomes et hormones sexuels) et le genre (aspects sociétaux et comportementaux). Le sexe a un impact sur la balance énergétique, la répartition de la masse grasse et l’homéostasie glucidique, via des mécanismes complexes qui débutent dès les premiers stades de la vie in utero. Plus tard dans la vie, la survenue d’un DT2 est favorisée chez les femmes par la carence en estrogènes et chez les hommes par la carence en androgènes, situations qui peuvent être corrigées par un traitement hormonal, dont l’utilisation est toutefois limitée en raison de leurs effets indésirables.
Boucle fermée et greffe d’îlots
Un congrès également sous le signe de la technologie − à l’occasion du centenaire de la découverte de l’insuline − et le développement très avancé de deux approches permettant de remplacer la cellule à insuline pour reproduire la sécrétion d’insuline : l’une est artificielle, la boucle fermée, l’autre est biologique, la greffe d’îlots pancréatiques. La boucle fermée s’adresse à certains diabétiques de type 1 dès l’âge de 7 ans, en déséquilibre glycémique. Les patients doivent encore aujourd’hui renseigner les repas et l’activité physique, mais une automatisation complète de la délivrance d’insuline est attendue avec les progrès de l’intelligence artificielle. La greffe d’îlots, dont les indications sont plus réduites, devrait de son côté bénéficier à terme de l’utilisation de cellules souches.
Conférence de presse du congrès de la SFD. D’après les interventions des Prs Bertrand Cariou (Nantes), Nicolas Chevalier (Nice), Pierre Gourdy (Toulouse) et Laurence Kessler (Strasbourg)
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