En pratique, peut-on modifier les habitudes alimentaires, quand on sait que nos comportements quotidiens, notamment d’achats et de consommation, relèvent en grande partie d’automatismes solidement ancrés ? L’application de la « théorie du nudge » (le coup de coude) à l’alimentation consiste à mettre en place des petites actions simples pour pousser les personnes à agir différemment : éloigner les aliments tentants de la vue, réduire les portions et celle des contenants. Par exemple, des travaux ont montré que la quantité de glace consommée lors d’une fête est de moitié plus élevée si le récipient et la cuillère sont de grande taille, comparativement à une taille plus petite. De même, les personnes habituées à manger du pop-corn au cinéma en consomment beaucoup moins si on leur en propose en réunion. Autre exemple : l’introduction de chips de couleur rouge à la dixième place dans un paquet en forme de tube limite fortement la consommation.
Une méta-analyse des interventions de type « nudge » a estimé qu’elles permettent en moyenne d’augmenter de 0,2 déviations standards la consommation de produits sains, ce qui correspond à environ 120 calories par jour. Globalement, ces interventions montrent qu’il est plus facile de réduire la consommation d’aliments non sains que d’augmenter celle des aliments sains et que la méthode la plus efficace est de modifier la taille des assiettes et des portions. Autre enseignement : les interventions menées dans les restaurants et les cafétérias sont plus efficaces que celles faites dans les épiceries.
Goût et plaisir au premier plan
Il ne faut pas oublier le goût et le plaisir, qui sont cités comme le premier (35 % des personnes interrogées) ou le deuxième (30 %) facteur le plus important pour guider les choix de consommation.
Le plaisir associé à l’alimentation relève d’un processus complexe, puisqu’au-delà du goût, se mêlent saveur et palatabilité, mais aussi interactions sociales et représentation cognitive de l’aliment (lire aussi p. 16). Déclarer qu’un aliment est pauvre en calories ou en lipides conduit à sa surconsommation alors qu’à l'inverse anticiper le plaisir conduit à réduire la consommation. Il n’est par exemple pas anodin de présenter la pratique d’un exercice physique comme un facteur bon pour la santé ou comme une source de plaisir. En témoignent les résultats de deux études qui ont randomisé des personnes pour marcher 4 km avec une activité source de plaisir (noter la qualité d’une musique sur MP3 dans des points relais dans la première ou observer des beaux bâtiments dans la seconde) ou marcher sans autre but. Au terme de la marche, les participants avaient accès à des en-cas sucrés dans la première étude et à un buffet illimité dans la seconde… Et alors qu’aucune différence n’a été rapportée sur la perception de la durée de la marche ou des calories brûlées, les sujets qui avaient eu une activité plaisante pendant la marche ont consommé beaucoup moins d’en-cas sucrés ou absorbé beaucoup moins de calories lors du buffet.
Cette notion de plaisir est donc essentielle.
« Il est ainsi possible de modifier les habitudes de consommation, en se rappelant qu’un changement, même peu important, peut avoir un fort impact à long terme », a conclu le Pr Éric Bruckert (Paris).
D’après la présentation du Pr Éric Bruckert, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, lors des Journées européennes des Sociétés françaises de cardiologie
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