Une augmentation de la mortalité de toutes causes

Diabète de type 2 et carence en vitamine D ne font pas bon ménage

Publié le 29/10/2010
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L’ÉTUDE LONGITUDINALE de population a consisté à suivre 289 sujets de moins de 66 ans à l’inclusion et ayant un diabète de type 2. À l’inclusion en 1987, il y avait 172 personnes normoalbuminuriques, 73 avec une microalbuminurie et 44 avec une macroalbuminurie. L’âge moyen était de 54 (± 9 ans).

Le taux de 25 (OH) vitamine D a été déterminé avec soin (spectrométrie de masse et chromatographie liquide). Une carence sévère a été définie comme un taux inférieur à 13,9 nmol/l dans le 10e percentile le plus bas.

Les patients ont été suivis jusqu’au 31 décembre 2009 ou jusqu’à leur mort (n = 196), ou une émigration (n = 3). Ils ont répondu au questionnaire cardiovasculaire de l’OMS.

Un indicateur fort et indépendant.

Les résultats montrent que des taux très bas de vitamine D représentent un indicateur fort et indépendant d’une mortalité de toutes causes dans le diabète de type 2. Des taux bas de vitamine D sont aussi prédictifs de mortalité cardiovasculaire. Ces associations sont non seulement indépendantes du contrôle glycémique et des facteurs de risque cardiovasculaires conventionnels, y compris une maladie coronarienne ischémique, mais ils sont aussi indépendants de la fonction rénale.

Par ailleurs, la carence sévère en vitamine D ne prédit pas la progression vers uns microalbuminurie ou une macroalbuminurie.

La vitamine D est stockée sous forme inactive dans le foie et les graisses périphériques, puis elle subit une hydroxylation dans le foie et les reins. Une carence peut provenir d’une insuffisance d’apport ou d’un défaut d’exposition au soleil.

Une étude réalisée dans la population générale dans les pays d’Europe de l’Ouest a montré des variations saisonnières des insuffisances en vitamine D allant de 73 % à 29 %.

L’obésité, fréquente dans le diabète de type 2, expose au risque de développer une carence, car le stockage dans le tissu adipeux abondant diminue la biodisponibilité.

Quel est le mécanisme d’action qui sous-tend le bénéfice observé chez les patients ayant les plus hauts taux de vitamine D à l’inclusion ? « Il y a actuellement un faisceau d’arguments en faveur de l’activation du récepteur de la vitamine D par la vitamine elle-même. » Avec des effets cliniques pléiotropiques dans le domaine cardiovasculaire. La vitamine D a été associée à des effets sur le système réinine-angiotensine-aldostérone, le développement des cardiomyocytes, la réduction de l’athérosclérose, la diminution de l’inflammation.

Une substitution serait-elle bénéfique ?

Uns substitution en vitamine D pourrait représenter un objectif thérapeutique pour la prévention de la progression de maladies cardiovasculaires.

Dans l’étude, les taux moyens de vitamine D sont de 35,7 nmol/l. Les taux de vitamine D ne sont pas associés à l’âge, au genre, au taux de filtration glomérulaire, au taux d’excrétion urinaire d’albumine. Un taux bas de vitamine D est faiblement associé à une élévation de la pression artérielle systolique.

Pendant le suivi de l’étude, 196 patients sont morts (68 %). La mortalité de toutes causes est accrue chez les patients ayant une carence sévère, avec un risque relatif de 1,96. L’association persiste après ajustement pour le taux d’excrétion urinaire d’albumine, l’HbA1c, la durée du diabète et des facteurs de risque cardiovasculaire (RR 2,03). Une carence sévère est associée à une mortalité cardiovasculaire, (RR 1,95), avec une persistance de l’association après les ajustements.

« On doit maintenant déterminer si une substitution en vitamine D améliore le pronostic. »

Christel Joergensen et coll., Diabetes Care, vol. 33, n° 10, octobre 2010.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8847