UN ARTICLE récent paru dans « The Lancet » en juin 2009 (Patterson CC et coll. Lancet 2009;373:2027-33) a attiré l’attention sur l’augmentation d’incidence du diabète de type 1 (DT1) chez l’enfant de moins de 15 ans et particulièrement chez les jeunes enfants de moins de 5 ans. Dans cette étude, les registres EURODIAB de 17 pays européens ont enregistré 29 311 cas de nouveaux DT1 entre 1989 et 2003 chez des enfants de moins de 15 ans avec un taux global de croissance annuelle de 3,9 %. Cette augmentation était plus élevée dans la tranche d’âge 0-4 ans (5,4 %) que chez les 5-9 ans (4,3 %) et chez les 10-14 ans (2,9 %). Le nombre de nouveaux cas prédictibles en 2020 est évalué à 24 000 avec une incidence multipliée par deux chez les moins de 5 ans.
Pour le Dr Claire Levy-Marchal, cette augmentation de fréquence de DT1 chez le jeune enfant est très préoccupante. Elle est à rapprocher de la recrudescence des maladies auto-immunes et des maladies allergiques (maladie cliaque, asthme, dermatite atopique…) et la cause en est vraisemblablement un ensemble de facteurs liés à l’environnement. Selon la théorie de « l’hygiène malgré tout », les enfants se développent dans un environnement trop aseptisé, l’alimentation industrialisée est trop raffinée (stérilisée). Il en résulte que l’enfant rencontre peu de bactéries et modifie ses réponses immunitaires.
La survenue d’un DT1 chez le nourrisson pose surtout un problème de prise en charge au niveau familial. La prise en charge d’un nourrisson diabétique prend plus de temps et nécessite des soins spécifiques. Cela complique les modes de garde et toute la vie familiale est perturbée. « Le diabète du nourrisson n’est pas différent de celui survenant chez l’enfant plus grand, seul l’âge de diagnostic est abaissé. Le diabète de type 1 n’est pas une maladie à laquelle on pense chez un nouveau-né d’autant plus qu’il n’est pas facile à identifier à cet âge. Les signes sont peu spécifiques : le bébé a toujours soif, il ne mange pas bien, dort mal, sa couche est très mouillée. » Comme pour l’enfant plus grand, le risque de survenue d’un diabète de type1 est un peu plus élevé dans une famille de diabétiques (x10) mais il n’existe pas plus de facteurs de risque. La pompe à insuline est recommandée chez le tout petit. La dose d'insuline (rapportée au poids de l'enfant) ne diffère pas vraiment de celle d'un enfant plus grand mais la surveillance de la glycémie est plus fréquente. Pour Claire Lévy-Marchal, les autorités de santé doivent être alertées et les pédiatres informés afin que ce diagnostic soit envisagé quand un nourrisson pose problèmes.
Miniaturisation des pompes à insuline.
En matière de thérapeutique, certaines nouveautés concernant le mode d’administration de l’insuline s’appliquent particulièrement au diabète insulino-dépendant de l’enfant. Ainsi, la miniaturisation des pompes à insuline en externe qui permet de les adapter à un jeune enfant, représente un progrès important. Certaines pompes peuvent être couplées à un lecteur de glycémie en continu. Cependant, l’automatisation complète de ces systèmes permettant d’ajuster la dose d’insuline en fonction de la glycémie n’est pas encore au point. « Malheureusement, regrette Claire Lévy-Marchal, ces pompes miniaturisées coûtent assez cher et le remboursement des capteurs pose encore problème ». Il est donc important de cerner leurs vraies indications. Si pour un jeune enfant, la pompe est toujours préférable aux injections répétées, le port d’une pompe en permanence n’est pas toujours bien vécu. Selon Claire Lévy-Marchal, « chez le tout petit, la pose d’une pompe est automatique. Pour les plus grands, la réaction est très variable, la vérification de la bonne marche des pompes demande une attention suivie et certains préfèrent les injections. »
Risque de confusion entre DT1 et DT2 chez le jeune enfant.
L’émergence des cas de diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents ces dernières années a attiré l’attention. En fait, précise C. Lévy-Marchal, cela est surtout observé aux États-Unis, car ce diabète est lié à l’obésité infantile très fréquente dans ce pays. En France, le pourcentage d’enfants obèses ou en surpoids est moins important. De plus, Le DT2 ayant un diagnostic bruyant chez l’enfant, on ne peut passer à côté. En revanche, le risque de confusion entre le DT1 et le DT2 chez l'enfant est un réel problème. Le DT2 survient toujours chez un enfant obèse très insulinoprive. Le diagnostic est donc effectué sur un sujet qui se présente en cétose, voire en acidocétose et qui au début peut avoir besoin d’insuline. Par ailleurs, un enfant obèse peut présenter un DT1 (surtout aux États-Unis). Il est donc possible de confondre un DT1 et un DT2 chez un enfant en surpoids. « Alors que l’usage des marqueurs d’auto-immunité et du système HLA était tombé en désuétude, y avoir recours redevient une pratique fréquente » remarque Claire Lévy-Marchal.
D’après un entretien avec le Dr Claire Levy-Marchal. Unité INSERM U690, hôpital Robert-Debré Paris.
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