Un thème fort du numéro du BEH du 14 septembre dernier porte sur l’évaluation d’une campagne de prévention visant à diminuer le risque d’acidocétose au moment du diagnostic de diabète chez l’enfant (1). On sait que cette croisade mobilisait depuis des années toute l’énergie de notre collègue et ami le Pr Jean-Jacques Robert, qui vient de nous quitter. Cependant, les résultats de cette campagne restent préoccupants. Le DT1 se déclare de manière rapide et sur un mode aigu chez l’enfant et l’adolescent, surtout chez les plus jeunes, avec une évolution dans des délais extrêmement brefs vers l’acidocétose, parfois redoutable.
Une confusion avec le DT2 ?
Il y a une vingtaine d’années, une étude montrait que la fréquence de l’acidocétose au moment du diagnostic était de 48 % en France. Une large campagne a été menée par l’association française de l’Aide aux jeunes diabétiques (AJD), afin de réduire le délai entre l’apparition des premiers symptômes et le début du traitement. Elle visait à informer les familles et les médecins généralistes quant à leur rôle dans la prévention de cette complication.
Des campagnes menées dans d’autres pays avaient montré une baisse de l’acidocétose inaugurale grâce à de telles campagnes. Pourquoi ce problème se poserait-il encore, spécifiquement en France ? Peut-être du fait d’une large diffusion des critères diagnostiques du diabète de type 2 (DT2), qui ne nécessite que très rarement une prise en charge urgente et pour lequel une confirmation s’impose par au moins une glycémie veineuse au laboratoire et souvent ensuite la mesure de l’HbA1c ? Ceci conduirait alors le praticien à se donner quelques jours, voire une à deux semaines de délai, pour confirmer le diagnostic chez un enfant suspect de diabète contribuant à retarder de façon dangereuse le diagnostic de DT1, surtout chez les plus petits, avec pour conséquence des acidocétoses inaugurales gravissimes.
Une méconnaissance des médecins généralistes
Les résultats rapportés démontrent que la fréquence de l’acidocétose a certes diminué de 14,8 % (année 0) à 11,3 % (année 1) mais que malheureusement elle est revenue à son niveau initial deux ans plus tard (année 3). Les données recueillies auprès des médecins généralistes ont montré que seuls 47,6 % d’entre eux avaient diagnostiqué un DT1 chez l’enfant ou l’adolescent ; 27,8 % ignoraient que le DT1 pouvait se déclarer avant l’âge de 2 ans ; 8,3 % déclaraient que l’acidocétose n’était pas mortelle ; l’importance de certains symptômes (histoire familiale, infection urinaire…) était surestimée.
Les critères de diagnostic évoqués par ces médecins étaient davantage ceux du DT2 que du DT1 et l’urgence d’une prise en charge hospitalière était souvent ignorée. Force est donc de constater l’absence d’effet de cette campagne à long terme et conduit à repenser la stratégie de prévention de l’acidocétose au diagnostic du DT1 de l’enfant.
La discussion des auteurs est riche, et des exemples d’actions menées avec plus de succès dans quelques régions de France ont rapporté. Toutefois, force est de constater un échec au plan national. C’est pourquoi a été lancée, pour la période 2016-2018, une nouvelle phase de la campagne, fondée principalement sur l’information des médecins libéraux, en particulier les médecins généralistes, auprès desquels l’effort doit être porté tant leur rôle est déterminant.
Professeur émérite. Université Grenoble Alpes (Grenoble)
Robert JJ, Louet D, Choleau C. Diminuer le risque d’acidocétose au moment du diagnostic de diabète chez l’enfant : évaluation d’une campagne de prévention. Bull Epidémiol Hebd. 2017;(27-28):579-85
De Kerdanet M. Éditorial. Diabète de type 1 de l’enfant : des chiffres et des pistes. Bull Epidémiol Hebd. 2017;(27-28):570-1.
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