Depuis le début de la pandémie, on suspecte fortement l’existence d’atteintes des glandes endocrines, dont l’hypophyse, et de déficits hormonaux, dans les formes graves de Covid-19. Il y a, en particulier, un déficit en ACTH chez les patients hospitalisés. Cependant, l’infection virale directe de la glande n’a pas été étudiée.
L’objectif de ce travail était de rechercher le génome et les antigènes du Sars-CoV-2 dans les hypophyses de sujets décédés de Covid-19, et d’évaluer les modifications éventuelles d’expression des gènes liés au système immunitaire spécifiques à l’hypophyse (1).
Les analyses ont été conduites sur les hypophyses de 23 patients décédés du Covid-19 et de 12 témoins décédés d’un traumatisme ou d’une mort cardiaque subite. Ont été utilisés : la PCR, l’hybridation in situ, l’immunohistochimie et la microscopie électronique. Les niveaux de transcrits d’ARNm de gènes liés au système immunitaire et spécifiques à l’hypophyse ont été mesurés par le test nCounter.
Résultats, le génome et les antigènes du Sars-CoV-2 ont été détectés dans 14 hypophyses sur 23 (61 %) du groupe Covid-19 et pas chez les témoins. Dans ces hypophyses « positives » pour le Sars-CoV-2, le génome viral a été systématiquement détecté par PCR dans l’anté- et la post-hypophyse, confirmant la présence du virus dans l’hypophyse. L’activation de la signalisation de l’interféron de type I et d’autres marqueurs ont été trouvés dans les glandes positives au virus. Comme dans d’autres tissus endocriniens (surrénales, thyroïde), l’infection active la réponse à l’interféron de type I et semble réduire la transcription des hormones spécifiques de l’hypophyse, quel que soit le niveau d’infection virale directe des cellules hypophysaires.
Un surrisque chez les femmes
Cette nouvelle alerte sur le surrisque de déficits hormonaux post Sars-CoV-2 vient après plusieurs autres études, essentiellement cliniques. Ici, la présence du virus dans la glande a été démontrée. De plus, un surrisque semble exister chez les femmes et pourrait expliquer les formes de Covid longs plus fréquents chez elles. Cela doit, à l’avenir, conduire les médecins à rechercher de tels déficits hormonaux dans les cas d’asthénie profonde, prolongée, de Covid long, faisant surtout suite à des formes sévères de Sars-CoV-2.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Poma AM, Proietti A, Macerola E, Bonuccelli D, Conti M, Salvetti A, Dolo V, Chillà A, Basolo A, Santini F, Toniolo A, Basolo F. Suppression of Pituitary Hormone Genes in Subjects Who Died From Covid-19 Independently of Virus Detection in the Gland. J Clin Endocrinol Metab. 2022 Jul 14;107(8):2243-2253. doi: 10.1210/clinem/dgac312
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