Comment améliorer les pratiques professionnelles des endocrinologues libéraux ? Et comment leur permettre de mieux collaborer avec les autres professionnels de santé ? Ces questions sont au cœur d’une vaste enquête lancée l’année dernière par la Fédération nationale des associations régionales d’endocrinologie diabétologie et métabolisme (Fenarediam). « Starendoc est un projet d’innovation organisationnel à destination des endocrino-diabétologues libéraux, qui a reçu le soutien institutionnel de Novonordisk. Nous avons d’abord réalisé un questionnaire sur les pratiques et les attentes des endocrinologues libéraux. Plus de 300 d’entre eux ont répondu à cette enquête », précise la Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, la présidente de la Fenarediam.
Six groupes de travail
À partir de leurs réponses, des groupes de travail ont été mis en place autour de six grands axes. « Il y a d’abord trois axes d’ordre organisationnel. Le premier porte sur la préparation de la consultation et la formation du secrétariat. Le deuxième concerne la télésurveillance et le troisième, la participation aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Ensuite, il y a trois axes relevant de protocoles de prise en charge pluridisciplinaires pour les patients avec un diabète de type 2 à haut risque cardiovasculaire, en situation d’obésité et dont l’objectif glycémique n’est pas atteint », détaille la Dr Lecornet-Sokol.
Le travail de ces différents groupes a été restitué via des webinaires et des documents qui sont consultables sur le site fenarediam.fr. « Pour chaque thème, nous avons consulté toutes les recommandations des sociétés savantes françaises et étrangères. Notre objectif est de rendre ces recommandations opérationnelles pour chaque endocrinologue, afin qu’il puisse les utiliser dans sa pratique et avec ses correspondants », explique la Dr Lecornet-Sokol, en ajoutant que cette enquête a mis en évidence un grand besoin de collaboration interprofessionnelle de la part des endocrinologues libéraux. « Il y a une volonté de fluidifier les échanges avec les autres spécialistes, les généralistes mais aussi les autres professionnels de santé : en particulier les infirmiers de pratique avancée, les pharmaciens, ou les psychologues qui, grâce aux consultations financées par l’Assurance-maladie, pourront aider nos patients en difficulté avec la gestion de leur maladie chronique ».
Pour favoriser cette collaboration avec les autres acteurs de santé, la Fenarediam mise sur la participation des endocrinologues aux CPTS. « C’est certainement l’outil qui va permettre d’optimiser cette collaboration, notamment via des financements dédiés. L’idée est qu’on cesse de prendre sur son temps libre pour participer à la mise en place de programmes d’éducation thérapeutique, des réunions de concertation pluridisciplinaire ou des actions de télé-expertise. Il est essentiel que toutes ces collaborations soient valorisées comme des actes techniques », estime la Dr Lecornet-Sokol.
Une expertise pour les patients complexes
Parmi les autres chantiers de la Fenarediam, la présidente cite l’engagement des endocrinologues libéraux dans la prise en charge du diabète de type 2. « Celle-ci a beaucoup évolué ces dernières années, avec l’arrivée de nouvelles molécules pour lesquelles on a mis en évidence de preuves de protection cardiovasculaire. On est en train de changer de paradigme dans le traitement du diabète de type 2 [lire aussi p. 8] ; les endocrinologues sont les experts de cette pathologie et doivent rester les référents dans l’utilisation de ces nouvelles molécules, auprès des autres médecins, notamment dans les situations complexes », indique la Dr Lecornet-Sokol.
Elle salue aussi l’implication des endocrinologues libéraux l’arrivée de la boucle fermée pour les patients avec diabète de type 1. « Beaucoup se sont formés lors de la première session du DU sur ce thème. Avec le Collège des diabétologues et endocrinologues des hôpitaux généraux (Codehg), nous allons créer un groupe de travail au sein de la SFD pour favoriser la collaboration ville-hôpital, notamment sur le thème de la boucle fermée. »
La Dr Lecornet-Sokol annonce aussi que la Fenarediam va s’engager au côté du Sedmen, en vue des négociations tarifaires dans le cadre de la nouvelle convention médicale. « Il est important d’obtenir une revalorisation de nos actes ou la création de nouveaux actes ».
exergue « Il est essentiel que toutes les collaborations soient valorisées comme des actes techniques »
Entretien avec la Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol, la présidente de la Fénarédiam
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