Avec plus de 2000 bénéficiaires consultés au sein d’un échantillon représentatif de 200 associations et Centres communaux d’action sociale (CCAS) partenaires de la Fédération Française des banques alimentaires (FFBA), l’étude CSA/banques alimentaires 2018 a permis de mieux connaître les besoins et attentes des personnes accueillies.
LE QUOTIDIEN : Quel est le profil sociodémographique des bénéficiaires d’aide alimentaire en France ?
LAURENCE CHAMPIER : Sur les neuf millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, 50 % ont accès à l’aide alimentaire. La majorité sont des femmes. Ces dernières années, le profil des bénéficiaires a changé : la plupart ont un foyer et près de 20 % un travail, souvent précaire. L’emploi n’est donc plus un rempart contre la pauvreté. Les banques alimentaires distribuent l’équivalent de 220 millions de repas par an. Tous les aliments sont issus de dons (grandes et moyennes surfaces, industriels, agriculteurs…). Nous les répartissons avec équité auprès de nos associations partenaires sur toute la France. Nos bénéficiaires ne souhaitent pas uniquement recevoir des aliments : ils veulent être accompagnés par nos bénévoles et avoir une alimentation équilibrée à partir de l’aide alimentaire, avec un faible budget. Nous les aidons dans ce sens, en mettant en place de multiples initiatives locales, tels que les ateliers cuisine.
Quelles ont été les grandes étapes de la politique alimentaire menée par l’État ?
ÉLODIE TARBY : C’est en 2012 que l’aide alimentaire a été réglementée. Depuis, les associations doivent demander une habilitation auprès des pouvoirs publics pour pouvoir exercer des missions d’aide alimentaire. Par ailleurs, en 2016, la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire (loi Garot) a obligé les grands distributeurs (plus de 400 m2) à donner les invendus alimentaires aux associations agréées. La France a ainsi a été le premier pays au monde à se doter d’une législation contre le gaspillage alimentaire. Enfin, la loi Agriculture et Alimentation (Egalim) de 2018 a permis de définir l’aide alimentaire. Celle-ci vise à « favoriser l’accès à une alimentation sûre, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante aux personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale ». Inscrite « dans le respect du principe de dignité des personnes », elle « participe à la reconnaissance et au développement de leur capacités à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement ».
La France soutient-elle l’aide alimentaire ?
:C. : La loi Egalim a transféré les dispositions législatives de l’aide alimentaire du code rural vers le code de l’action sociale et des familles. Il s’agit là d’un changement de représentation, qui montre l’importance que donne l’État à l’aide alimentaire et à son utilité sociale. La France est l’un des pays d’Europe les plus volontaristes en la matière. Exemple frappant : en 2011, le Programme européen d’aide aux plus démunis (Pead), créé en 1987, devait disparaître. Le Pead utilisait les stocks d’invendus issus de la politique agricole commune, en les redistribuant à des associations caritatives agréées, telles que celles de la FFBA. L’État français s’est mobilisé pour pouvoir prolonger cette initiative. C’est alors qu’est né le Fonds européen d’aide aux plus démunis (Fead) en 2014, en remplacement du Pead.
Quels points pourraient, à l’avenir, être améliorés en termes d’aide alimentaire ?
L.C : Outre les petits-déjeuners proposés aux élèves d’écoles primaires en zone prioritaire et le repas de cantine, dont le barème le plus bas serait à 1 euro, le Plan Pauvreté (présenté en septembre dernier par Emmanuel Macron) ne propose aucune mesure en faveur de l’aide alimentaire. D’après un rapport du Sénat, l’aide alimentaire, portée en grande partie par des bénévoles, permet à l’État d’économiser près d’un milliard d’euros par an. Le réseau des banques alimentaires attend donc d’être soutenu à la hauteur de la mission qu’il réalise au quotidien auprès des personnes en difficulté.
Exergue : La France a été le premier pays au monde à se doter d’une législation contre le gaspillage alimentaire
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024