Première trithérapie de la mucoviscidose, Kaftrio (ivacaftor/tezecaftor/elexacaftor), a été autorisée pour les patients âgés de 12 ans et plus, homozygotes pour la mutation F508del ou hétérozygotes ayant aussi une mutation à fonction minimale, soit environ 80 % des patients. « Son efficacité est spectaculaire et surtout rapide. Dès le premier mois de traitement, on observe une nette amélioration de la fonction respiratoire (augmentation du VEMS de plus de 10 %), une diminution des expectorations (la kinésithérapie peut même être arrêtée), une réduction de la dyspnée et une amélioration de l’état nutritionnel, avec une prise de poids, explique la Pr Laurence Kessler (CHU de Strasbourg). Ces effets sont aujourd’hui confirmés sur plus d’un an de traitement. » Les patients les plus sévèrement atteints et qui étaient en attente d’une transplantation pulmonaire ont pu être retirés de la liste.
« Au niveau du diabète de la mucoviscidose, on peut anticiper un effet positif sur la tolérance au glucose. En effet, la mutation du gène CFTR est responsable d’une perturbation des échanges ioniques au niveau des cellules bêtapancréatiques. En restaurant la fonction de cette protéine, on peut espérer une restauration de l’insulinosécrétion ainsi qu’une diminution de l’état inflammatoire chronique, également impliqué dans l’apparition du diabète », précise la Pr Kessler.
Arrêter ou diminuer l’insuline
À l’heure actuelle, une seule étude s’est penchée sur l’effet de Kaftrio sur la glycémie des patients adultes (n = 23) atteints de mucoviscidose, porteurs de la mutation F508del (1). Ses résultats ont montré, à l’aide de la mesure continue du glucose (MCG), une augmentation du pourcentage de temps passé dans la cible ([70-180] mg/dL) après traitement ainsi qu’une diminution du temps passé en hyperglycémie (> 180 mg/dL) et de la variabilité glycémique. D’autres travaux sont nécessaires pour confirmer l’effet à long terme de la trithérapie sur le contrôle glycémique de ces patients.
« Au plan clinique, on observe une possibilité d’arrêter l’insuline chez certains patients. Pour ceux présentant un diabète avancé, avec une altération morphologique des cellules bêtapancréatiques, l’insuline est toujours nécessaire, mais à des doses moindres. Compte tenu de la diminution de l’inflammation et de la préservation de l’état nutritionnel, nous pensons qu’il se produira une modification du profil des patients, avec l’apparition plus tardive du diabète », espère la spécialiste.
En ce qui concerne la prise en charge, l’insulinothérapie pourrait être améliorée avec les insulines ultrarapides. Une étude multicentrique nationale coordonnée par le CHU de Strasbourg est en cours afin d’évaluer l’administration de la Faster Aspart après, plutôt qu’avant le repas.
Exergue : « Nous pensons que le profil des patients sera modifié, avec l’apparition plus tardive du diabète »
Entretien avec la Pr Laurence Kessler (CHU de Strasbourg) (1) Scully K. et al. The effect of elexacaftor/tezacaftor/ivacaltor on glycemia in adults with cystic fibrosis. Journal of Cystic Fibrosis 2021
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024