Du fait de leur haut risque cardiovasculaire (CV), la prescription d'aspirine en prévention primaire chez les diabétiques a paru logique. Mais, après vingt ans de débats, la preuve thérapeutique n'est pas encore faite.
L'étude Ascend a porté sur 15 480 diabétiques (DT2 pour 94 %) sans indication formelle d'aspirine ni contre indication, et sans maladie artérielle connue. Elle comparait aspirine 100 mg/j vs placebo pendant en moyenne 7,4 ans, avec comme critère principal la survenue d'évènements cardiovasculaires (CV) sévères (IDM, AVC ischémiques transitoires ou décès CV – en dehors des hémorragies) et un objectif de sécurité : la survenue de saignements graves.
Une diminution des évènements CV graves sous aspirine de (– 22 % ; p = 0,01) a été enregistrée uniquement dans les 3 premières années, au prix d'une augmentation des évènements hémorragiques (4,1 % vs 3,2 %, en majorité des gastro-intestinaux).
En somme, la balance bénéfices/risque n'est pas favorable. Quoique très vaste et de longue durée, cette étude souffre d'une limite, principalement le fait que ces diabétiques n'étaient peut-être pas suffisamment à risque : 40 % à faible risque CV, 43 % à risque moyen et 17 % seulement à haut risque ; leur diabète avait moins de 9 ans dans 56 % des cas.
C'est donc une conclusion temporaire qu'elle apporte, limitée aux diabétiques à risque CV peu ou modérément élevé. Mais qu'en est-il des patients – assez nombreux dans nos consultations – dont le risque est plus élevé et/ou chez lesquels l'athérome est évident (plaques carotidiennes, score calcique anormal) ? La question reste ouverte.
ASCEND Study Collaborative Group. N Engl J Med. 2018 Oct 18;379(16):1529-39.
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