Lancée en 1981 et conduite tous les huit ans par le secteur français des aliments de l’enfance (SFAE), l’étude Nutri-bébé propose une photographie de ce que consomment les tout-petits en France. L’édition 2022 révèle notamment que le taux d’allaitement est en baisse, avec 55 % des enfants allaités ou ayant été allaités, contre 62 % en 2013. « La crise sanitaire a altéré le taux d’allaitement maternel. Dans les hôpitaux, les professionnels de santé ont été débordés et les mères moins accompagnées que d’habitude pour la mise en place de l’allaitement », souligne la Dr Sandra Brancato, pédiatre et membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Les mères inactives, celles issues de catégories sociales défavorisées, peu diplômées, sont celles qui allaitent le moins. « Le diplôme et le niveau de revenus restent des indicateurs déterminants dans les pratiques parentales autour de l’alimentation des jeunes enfants », note Amandine Rochedy, sociologue à l’université de Toulouse Jean-Jaurès.
Ainsi, globalement, les femmes françaises allaitent moins, mais un peu plus longtemps (6,4 mois en 2022 contre 4 mois en 2013). La reprise d’une activité professionnelle est un élément majeur dans la durée de l’allaitement. « Légalement, les entreprises doivent prévoir un lieu où tirer son lait dans de bonnes conditions, avec un réfrigérateur, mais cela n’est pas mis en place partout », regrette la Dr Brancato.
Diminution de l’allaitement au sein
Hors allaitement, les âges de passage entre les différentes catégories de laits infantiles respectent globalement les préconisations officielles : lait 2e âge en moyenne entre 5 et 6 mois ; lait de croissance vers 12 mois. Mais c’est après cet âge que les écarts se creusent avec les recommandations. Un quart des enfants consomment du lait de vache non spécifique entre 1 et 2 ans et près de la moitié entre 2 et 3 ans. « Le lait de vache est trop souvent introduit de façon précoce. Le lait infantile devrait être maintenu jusqu’à l’âge de 3 ans », rappelle la Dr Brancato.
Le médecin reste la première source d’information des parents pour l’alimentation de leur tout-petit, notamment lorsqu’il s’agit d’un premier enfant. 52 % des primipares citent le pédiatre comme première source d’influence, alors que 57 % des multipares évoquent d’abord leur instinct. « En France, il y a une médicalisation de l’alimentation. Les parents suivent les prescriptions des pédiatres de ville ou de PMI. Toutefois, l’accès au pédiatre est plus difficile dans certaines zones rurales et les PMI sont en danger », déplore la Dr Brancato.
Trop d’écrans
Les enfants sont trop exposés aux écrans. 49 % des tout-petits y ont eu un accès au cours des sept derniers jours et cela, en moyenne quatre jours dans la semaine. Et 15 % des parents laissent leur enfant de moins de 10 mois face à un écran. « Les enfants des primipares sont souvent moins exposés que ceux des multipares, car la présence d’un aîné pèse sur l’exposition précoce aux écrans. Dans certains foyers, les écrans sont allumés dès le petit-déjeuner et à chaque repas, ce qui ne favorise pas la communication à table », commente Amandine Rochedy.
L’analyse du volet nutritionnel de l’étude sera dévoilée courant 2023. Néanmoins, d’après les premiers résultats, 12 % des parents déclarent supprimer certains aliments et 60 % les suppriment aussi de la diète de leur(s) enfant(s). « Appliquer un régime végétarien à un enfant engendre un risque de carence. Lorsque les parents y tiennent, ce type de diète doit être supervisé par un professionnel de santé. Et le régime végétalien est fortement déconseillé chez le tout-petit car le risque de carences est bien trop important. Enfin, les lipides (acides gras essentiels : oméga 3, 6) ne doivent pas être éliminés de l’alimentation des enfants de moins de 3 ans », rappelle la Dr Brancato.
Exergue : À partir de deux ans, la moitié des enfants consomment déjà du lait non spécifique
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