Nul doute, la prise alimentaire de l'enfant est liée aux habitudes familiales. En France, elle se compose, le plus souvent, de trois repas structurés par jour, associés ou non à la prise de collations programmées (goûter). Ce modèle français favorise la commensalité : enfants et parents se mettent autour d'une même table, pour partager un même repas. Au-delà de la prise alimentaire, les origines culturelles, sociales et éducatives des parents exercent une influence sur leurs pratiques de nourrissage. Dans ces conditions, en France, les recommandations nutritionnelles concernant les enfants ciblent les parents, et tout particulièrement les mères qui sont toujours considérées comme des prescriptrices en la matière.
Un entourage nourricier multiple
Or, depuis une trentaine d'années, l'entourage nourricier de l'enfant est de plus en plus diversifié, et hétérogène. « Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confiés aux structures collectives (crèches) ou aux assistantes maternelles, dont les normes et pratiques alimentaires peuvent différer de celles des parents », souligne Anne Dupuy, sociologue à l'Isthia-Certop CNRS de Toulouse. Et, lorsqu'ils sont séparés, les habitudes alimentaires de l'enfant deviennent multiples et parfois instables : les normes auxquelles les enfants doivent adhérer ne sont pas toujours les mêmes chez leur mère et chez leur père.
Dans le cadre de travaux menés avec Sophie Nicklaus (1), l'équipe de recherche d'Anne Dupuy a interrogé un échantillon de parents et d'assistantes maternelles résidant en France. L'objectif : obtenir un regard croisé sur les déterminants de la prise alimentaire, en fonction des milieux sociaux et des modèles familiaux. « Nous avons notamment observé, à l'instar d'autres travaux, que les recommandations nutritionnelles sont plus faciles à suivre pour les familles primipares (comparées aux multipares). Par ailleurs, les pères sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à l'éveil sensoriel et à cuisiner pour leurs enfants. Les mères ne doivent donc pas être les seules cibles des recommandations nutritionnelles », plaide Anne Dupuy.
Plus de temps à l'extérieur
En outre, la présence de plus en plus massive d'enfants chez les assistantes maternelles leur permettrait de s'émanciper davantage des normes alimentaires parentales. « Les tout-petits déjeunent souvent 5 jours sur 7 chez les assistantes maternelles : c'est en grande partie chez elles qu'ils forgent leur goût et leurs habitudes alimentaires. Nos travaux ont également montré qu'elles sont globalement plus respectueuses des rythmes alimentaires que les parents. Celles que nous avons rencontrées dans les grandes villes valorisent l'éveil sensoriel et le fait maison », indique Anne Dupuy.
Entretien avec Anne Dupuy, 13
e école de la Société française de nutrition
(1) Impact of socialization on capacity to control energy intake, A. Dupuy & L. Tibère dans le cadre de l’ANR-PRC PUNCH, 15-CE21-0014 “promoting and understanding healthy food choices in children”, coordination : Sophie Nicklaus
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