« L’INSULINORÉSISTANCE pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique dans la prévention des AVC », constatent Tatjana Rundek (Miami, Floride) et coll. Leur étude, considèrent-ils, fournit la preuve que ce trouble métabolique est associé à un risque majoré de premier accident vasculaire cérébral.
L’enquête a été menée auprès de 1 509 individus de la Northern Manhattan Study, âgés en moyenne de 68 ans et non diabétiques. Il s’agissait d’une étude épidémiologique longitudinale, dont les enrôlements ont été faits de 1993 à 2001. Le suivi a été réalisé jusqu’en janvier 2008.
Le travail était mis en place afin de clore un débat : l’insulinorésistance prédit-elle le risque d’AVC ? Mais pour y parvenir encore fallait-il choisir une méthode reconnue d’évaluation du trouble métabolique. Les auteurs ont donc eu recours au HOMA (HOmeostasis Model Assessement), largement utilisé dans les études, qui estime de façon indirecte la sensibilité à l’insuline et sa sécrétion. En outre, les chercheurs américains avaient déjà montré la valeur prédictive de la glycémie à jeun et de l’existence d’un syndrome métabolique.
2,8 fois plus élevé.
Les participants ont été séparés en quartiles selon leurs index d’insulinorésistance. Ils ont été associés aux risques d’AVC, d’infarctus du myocarde et de décès d’origine cardio-vasculaire. Au cours des 8,5 ans de suivi, en moyenne, 180 accidents vasculaires ont été enregistrés dans la cohorte. Il s’agissait de 46 AVC fatals ou non ; de 45 infarctus du myocarde fatals ou non ; de 121 décès d’origine vasculaire. C’est l’analyse selon les quartiles d’insulinorésistance qui a mis en exergue le risque majoré d’AVC. En effet, en comparant le quartile le plus élevé aux 3 autres, il apparaît un risque de premier AVC 2,8 fois plus élevé dans ce groupe. Les auteurs ont ajusté ce résultat en fonction des facteurs de risque cardio-vasculaires connus, dont la glycémie, l’obésité et l’existence d’un syndrome métabolique : la relation demeure. Quel que soit le groupe ethnique, enfin, les hommes sont plus exposés que les femmes.
Des hypothèses sont proposées, expliquant le surrisque d’AVC par rapport aux infarctus du myocarde. Tout d’abord, l’insulinorésistance agit de façon différente selon les ethnies. Or la population enrôlée était majoritairement hispanique, groupe ethnique (ainsi que les Noirs) plus sujets aux AVC. Ensuite, un antécédent d’infarctus était un critère d’exclusion de l’étude. Troisième point, l’insulinorésistance a été associée à l’athérosclérose infraclinique. Concernant les vaisseaux gros et moyens, elle génère plutôt des AVC. Enfin, l’insulinorésistance est associée à l’HTA, à l’hypertriglycéridémie et à un HDL bas, facteurs plutôt d’AVC que d’infarctus.
La différence entre les sexes s’explique mal. Peut-être faut-il y voir le rôle du HDL, souvent plus bas chez les hommes ; le tabagisme ou l’HTA plutôt masculins ou bien encore une action biologique plus délétère de l’insuline chez l’homme.
Arch Neurol. Vol 67, n° 10, pp. 1195-1200.
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