Voilà plusieurs années que des preuves s’accumulent, établissant un lien entre durée courte de sommeil et obésité. Pourtant, peu d’études, en particulier de nature interventionnelle, se sont intéressées à cet éventuel facteur de risque modifiable.
Cette équipe a évalué la faisabilité d'un protocole personnalisé d'extension de la durée de sommeil, chez les adultes âgés de 18 à 64 ans habituellement « dormeurs courts » (5 à 7 heures), le sommeil étant principalement mesuré par actographie au poignet. De plus, ont été recueillies de façon innovante des données, visant à évaluer les effets d’un sommeil prolongé sur l'apport alimentaire et leurs aspects qualitatifs, mesurés par les journaux alimentaires de sept jours, la dépense énergétique, au repos et totale, l'activité physique et les marqueurs de la santé cardiométabolique.
+ 55 minutes au lit
Quarante-deux participants normaux en bonne santé, majoritairement des femmes, jeunes (25 ans en moyenne), minces (IMC 22 kg/m2), habituellement des « dormeurs courts », ont complété cet essai contrôlé randomisé d’une durée de 4 semaines. Le groupe « extension du sommeil » (n = 21) a bénéficié de sessions de modifications comportementales visant l'hygiène du sommeil. Le groupe témoin (n = 21) a maintenu un sommeil court habituel.
Les taux de participation ont été de 100 % et celui de compliance de 85,7 %. Le groupe d'extension du sommeil a significativement augmenté le temps passé au lit, de 55 minutes (37 à 72 min), la durée de sommeil 47 minutes (de 29 à 65 min) et durée du sommeil réel 21 minutes (6 à 36 minutes) par rapport au groupe témoin.
Une différence qualitative
L'allongement du sommeil s’est accompagné d’une réduction de la consommation de sucres rapides (–9,6 g [– 16 ; – 3,1] g) comparativement au témoin (+ 0,7 g [-5,7 à + 7,2]), p = 0,042. Une analyse de sensibilité a montré que le groupe d'extension du sommeil a aussi réduit les apports en graisse et en glucides, par rapport au groupe témoin. Il n'y a pas été retrouvé de différences significatives entre les groupes pour l’équilibre énergétique ou des indicateurs de risque cardiométabolique.
En somme, prolonger le sommeil chez les petits dormeurs adultes réduit les consommations de sucre et pourra contribuer à limiter la consommation excessive de sucres, dans un environnement favorable à l'obésité.
Mais, car il y a un « mais » : l’objectif d’atteindre une durée sommeil de 7 à 9 heures chez des petits dormeurs (< 6 h de sommeil réel) n’a pas été atteint, ni une qualité de sommeil ou heure d’endormissement plus précoce chez ces sujets. Le temps d’adaptation à ce nouveau mode de sommeil a été jugé assez délicat à faire évoluer, ou trop court pour modifier des comportements très ancrés. Ces sujets ont peut-être aussi une physiologie différente des plus gros dormeurs.
Professeur émérite université Grenoble Alpes
Sleep extension is a feasible lifestyle intervention in free-living adults who are habitually short sleepers: a potential strategy for decreasing intake of free sugars? A randomized controlled pilot study. Haya K Al Khatib et al. The American Journal of Clinical Nutrition, Janvier 2018 https://doi.org/10.1093/ajcn/nqx030
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