LE SOMMEIL fera-t-il bientôt partie de l’arsenal thérapeutique dans le diabète de type 2 ? Des chercheurs de l’université de Chicago suggèrent en effet que dormir sans apnées pourrait améliorer le contrôle du diabète résistant au traitement médicamenteux. Si le syndrome des apnées du sommeil (SAS) est une co-morbidité bien connue, il n’était pas prouvé que la sévérité du trouble était corrélée au mauvais équilibre glycémique. L’équipe dirigée par le Dr Renée Aronsohn vient de le démontrer en réalisant un enregistrement polysomnographique chez 60 patients diabétiques sans antécédent respiratoire connu. La corrélation entre les deux maladies cardio-vasculaires était retrouvée après ajustement sur plusieurs facteurs confondants, en particulier la masse grasse. Il est apparu de plus que le trouble respiratoire était largement sous-diagnostiqué, puisque près des trois quarts des participants présentaient un SAS.
Une polysomnograhie sur une nuit.
L’investigatrice principale, le Dr Renée Aronsohn, a ainsi recruté 60 patients diabétiques de façon consécutive, entre février 2007 et août 2009, au centre de soins primaires et d’endocrinologie à l’université de Chicago. Au cours d’un entretien de 45 minutes, chaque participant devait remplir plusieurs questionnaires afin de fournir : traitement médicamenteux, complications du diabète, exercice physique, niveau de ronflements et existence d’un syndrome dépressif. Le poids et la taille étaient mesurés chez l’ensemble des participants. La valeur de l’HbA1c était recueillie dans le dossier médical si elle datait de moins de 3 mois, sinon un prélèvement sanguin était réalisé.
Outre la polysomnographie réalisée une nuit entière au laboratoire de physiologie, au minimum sur une durée de 7 heures, les habitudes de sommeil étaient évaluées pendant 5 jours consécutifs à l’aide d’une actigraphie au poignet. Plusieurs éléments étaient ainsi recueillis au cours de la polysomnographie : index apnée/hypopnée (IAH) total, IAH pendant le sommeil paradoxal, désaturation en oxygène au cours du sommeil total et paradoxal.
Bénéfice des médicaments annulé.
Plus de 70 % des participants présentaient un SAS défini par un IAH≥5. Seuls 5 sujets avaient été évalués par le passé et aucun n’était traité. Après ajustement selon l’âge, le sexe, l’ethnie, l’indice de masse corporelle, le nombre de médicaments antidiabétiques, le niveau d’exercice, l’ancienneté du diabète et la durée totale du sommeil, il est apparu que la sévérité du SAS était corrélée à des taux élevés d’HbA1c. Par rapport aux sujets indemnes de troubles respiratoires, la présence d’un SAS léger, modéré ou sévère augmentait les valeurs d’HbA1c respectivement de 1,49, 1,93 et 3,69 %. Ce qui correspond en moyenne à des taux d’HbA1c de 6,83, 7,79 et 8,53 %, toujours de façon respective. L’effet était ainsi comparable à celui des antidiabétiques oraux, ce qui signifierait que le SAS annule le bénéfice des médicaments prescrits.
Alors que le SAS était non diagnostiqué chez la plupart des patients, les auteurs mettent en garde sur la durée de l’enregistrement du sommeil. Les troubles respiratoires étaient en effet à type d’apnées-hypopnées d’origine obstructive, survenant principalement pendant le sommeil paradoxal. Il ne s’agirait pas de passer à côté du diagnostic en raison d’un enregistrement standard trop court de 4 heures. Comme un SAS méconnu est associé à un mauvais contrôle du diabète, il est probable que ces troubles respiratoires expliquent l’échec du traitement médicamenteux et qu’une aide ventilatoire permette d’y remédier. Soulignant la nécessité d’alternatives non médicamenteuses, les auteurs espèrent ainsi que la piste du SAS sera évaluée prochainement dans la prise en charge du diabète de type 2.
American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, publication en ligne.
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