L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet des traitements par agonistes du GLP1 sur l’évolution de la masse maigre ou de la densité minérale osseuse (DMO), mesurée par DXA (1). Les essais randomisés contrôlés versus placebo faisant état de l’évolution de ces mesures, à 12 semaines ou plus de traitement par arGLP1, ont été répertoriés dans les bases PubMed et web of science. Sur 2 618 articles, seulement neufs essais répondaient à ces critères de recherche prédéfinis, sept faisant état d’une évolution de la masse maigre corporelle totale, et deux d’une évolution de la DMO.
Au total, une perte de masse musculaire a été signalée chez 659 participants (419 sous arGLP1 et 240 sous placebo), sur des durées de suivi s’étalant de 12 à 72 semaines (33,5 en moyenne). Les patients étaient âgés au départ de 41,7±7,6 ans, 75 % étaient des femmes, avec un IMC de 30 à 43 kg/m2. Par rapport au placebo, le traitement par arGLP1 était associé à une réduction du poids corporel total de 6,9 kg (IC95 [-10,7 ; -3,0]), et s’accompagnait également d’une réduction significative de la masse musculaire, de 1,9 [-3,5 à -0,2] kg, soit 30,8 % du poids perdu.
Quant à l’effet sur la DMO, les données disponibles sont insuffisantes pour l’évaluer.
Près de deux kilos de muscle en moyenne
Les participants recevant un médicament agoniste du récepteur au GLP1 ont eu une réduction moyenne de 8,1 kg de poids corporel, par rapport à une perte de poids de 1,2 kg pour ceux recevant un placebo, dont une diminution de 5,4 kg de la masse grasse et de 2,5 kg de la masse maigre. La réduction de la masse maigre représentait 30,8 % de la masse totale perdue avec le traitement par arGLP1.
Rappelons que la quantité de masse maigre perdue pendant une perte de poids varie beaucoup, sous l’influence de plusieurs facteurs : vitesse de perte du poids et le degré de carence énergétique et nutritionnelle, eux-mêmes influencés par le mode de perte de poids, et selon qu’un exercice est ou non soit associé.
Ainsi, une étude publiée en 2017, auprès de 50 adultes avec pour objectif une perte de poids de 6 à 8 % sur quatre mois, par restriction calorique, exercice ou les deux associés montrait que, si la perte de poids absolue était similaire (~ 7 % du poids de base), le pourcentage de poids perdu sous forme de masse maigre était le plus élevé dans le groupe de restriction calorique (la masse maigre représentait 18 % du poids total perdu). Le groupe avec exercice physique et restriction calorique perdait 6 % de masse maigre, quand le groupe exercice uniquement n’en perdait pas.
Des niveaux plus élevés de protéines alimentaires pendant la perte de poids atténuent aussi la perte de masse maigre (si l’apport est supérieur à 1,0 g/kg/jour).
Des interventions à prévoir
Bien que plus de la moitié des essais inclus avaient recommandé ce type de conseils comportementaux, l’absence d’interventions pour atténuer la perte de masse maigre (par exemple supplémentation en protéines, séances d’exercice supervisées) peut expliquer pourquoi le pourcentage observé de perte de masse maigre sous arGLP1 est ici plus élevé que sous restriction calorique en général. Il équivaut d’ailleurs à la perte de masse maigre dans la chirurgie bariatrique. Il est donc possible que d’autres mécanismes de perte de masse maigre soient en jeu avec les traitements à base de GLP1. La densité osseuse est également insuffisamment étudiée.
(1) Beavers KM, et al. arGLP1-based therapies and DXA-acquired musculoskeletal healthoutcomes: a focused meta-analysis of placebo-controlled trials. Obesity (Silver Spring). 2025 Feb;33(2):225-237
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