La composition du microbiote intestinal permettrait de prédire la façon dont l'organisme va répondre à une alimentation déséquilibrée, suggèrent des chercheurs de l'INSERM (unité 1138) en collaboration avec des scientifiques de l'Imperial College de Londres d'après des travaux chez des souris génétiquement identiques.
Dans une étude publiée dans « Cell Reports », les chercheurs montrent que certains métabolites des bactéries intestinales sont associés au risque de devenir obèse, de développer un diabète et des maladies cardiovasculaires ou d'avoir des troubles du comportement (anxiété, activité).
Le microbiote, un déterminant de santé métabolique
Les individus ne réagissent pas de la même façon à l'alimentation, rendant difficile la définition « d'un régime sain » universel. « La valeur d'un régime alimentaire est déterminée non seulement par vos gènes, mais également par les gènes du microbiote intestinal », explique Dominique Gauguier, directeur de recherche INSERM.
Pour mettre en évidence le rôle des bactéries intestinales, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement identiques. Avant de les soumettre à un régime riche en lipides, les scientifiques ont établi leur profil de signature chimique à partir des métabolites du microbiote intestinal recherchés dans l'urine à l'aide de la spectroscopie à résonance magnétique.
L'adaptation des souris à une alimentation hyperlipidique était différente selon leur signature chimique. Certains rongeurs prenaient davantage de poids que d'autres, ou devenaient plus intolérants au glucose. Un composé en particulier, le triméthylamine-N-oxyde (TMAO) s'est avéré en mesure de prédire la tolérance au glucose.
Une signature chimique dans l'urine ou le sang
Pour les chercheurs, les résultats suggèrent que le profil de signature chimique contribue à déterminer notre santé et que son identification permettrait de personnaliser le régime alimentaire.
« Lorsque le microbiote intestinal se développe précocement au cours de la vie, nous commençons avec très peu de germes, et nous acquérons davantage de bactéries de notre environnement au fur et à mesure du développement, poursuit Dominique Gauguier. Cela signifie que de petites différences de notre environnement au fur et à mesure du développement peuvent entraîner une grande diversité dans le microbiote ».
Une large étude clinique chez 2 000 patients et prenant en compte de nombreux critères (régime alimentaire, style de vie, médicaments, etc.) a démarré pour mieux explorer l'influence du microbiote sur la santé. Les chercheurs espèrent à l'avenir pouvoir définir le profil d'un patient à partir d'échantillons urinaires et sanguins et l'utiliser pour déterminer le régime lui convenant le mieux. « Ces résultats ouvrent des perspectives extrêmement prometteuses sur la conception de régimes alimentaires personnalisés et sur l'exploitation de nos bactéries intestinales pour favoriser une meilleure santé », conclut Dominique Gauguier.
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