L’étude rétrospective de cohorte de Roussel R. et al. présentée au congrès 2015 de l’ADA a été menée sur un échantillon aléatoire d’environ 600 000 patients enregistrés dans la base de données nationale d’assurance-maladie française, nouvellement traités par insuline (aucun traitement par l’insuline dans les 12 mois précédents). La persistance a été définie comme le fait de toujours recevoir de l’insuline (quel que soit le traitement utilisé) sans interruption durant une année.
Parmi les 1 909 initiations identifiées en 2012/2013 (insuline basale : 61,8 %, basales + rapide : 15 %, autres régimes : 23,2 %), l’âge moyen était respectivement de 67,5 ± 14,2, 61,8 ± 18,1 et 63,2 ± 18,4 ans. L’insuline a été initiée par des médecins généralistes dans 39,3 % des cas (47,7 % pour le régime insuline basale) et prescrite sans autres médicaments antidiabétiques dans 21,1 % des cas.
La persistance a ensuite été étudiée chez 1 969 patients qui avaient initié l’insuline en 2011/2012. Parmi les survivants, près de 25 % ont arrêté l’insuline dans la première année (18,4 % pour la basale). Les patients qui ont interrompu l’insuline étaient plus jeunes (64,7 ± 18,5 versus 67,3 ± 14,3 ; p = 0,0003), moins souvent de sexe masculin (45,8 % versus 55,7 %, p ‹ 0,0001) et 20,2 % d’entre eux n’ont pas reçu d’antidiabétique sur les 12 mois qui ont suivi l’arrêt. Ces pourcentages élevés ne sont que partiellement expliqués par une insulinothérapie intensive transitoire chez les patients atteints de maladie aiguë identifiables dans la base de données.
Des études en vie réelle, nécessaires
Les auteurs soulignent le taux élevé d’arrêt précoce de l’insuline observé chez les patients DT2, tout en précisant que ce taux est moins important avec un schéma d’insuline basale. Ils concluent que des études en vraie vie sont nécessaires pour identifier les facteurs associés à cette faible persistance.
Pour le Pr Serge Halimi, diabétologue au CHU de Grenoble, « cette étude nous interpelle, d’abord parce que le constat est inattendu : peu de diabétologues français auraient imaginé qu’autant de patients DT2, passés sous insuline, l’interrompent dans la première année. Autre surprise, la place importante occupée par les médecins généralistes dans la mise à l’insuline des DT2. Elle pose aussi des questions clés : pourquoi ce constat, comment y remédier ? Quelles peuvent en être les causes ? Les effets secondaires avérés ou redoutés par les patients – dépendance, prise de poids, hypoglycémies, dépression – et le manque de prise en charge éducative, des professionnels de santé insuffisamment formés dans un parcours de soins morcelé, ou inexistant, sont des facteurs qui jouent probablement plus que les défauts des insulines actuellement disponibles ».
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