Le pancréas bioartificiel donne un second souffle à la greffe d'îlots pancréatiques. Le Centre européen d'études du diabète (CEED) coordonné à Strasbourg développe le concept Mailpan, un modèle d'encapsulation des cellules pancréatiques, testé depuis 2011 au sein de sa spin-off Defymed. Cette alternative à la greffe de pancréas et à la greffe classique d'îlots issus de donneur présente l'avantage de ne pas nécessiter de traitement immunosuppresseur.
La greffe de pancréas donne de très bons résultats avec guérison du diabète à 15 ans mais a des indications très limitées à la double greffe rein/pancréas chez les sujets diabétiques de moins de 50 ans (< 100 greffes /an en France).
Quant à la greffe d'îlots pancréatiques issus de donneur, si elle nécessite un traitement immunosuppresseur moins lourd, ses performances laissent à désirer en raison d'une forte perte d'îlots, qui passent de 1 million à 150 000 la première semaine. Cette thérapie cellulaire, d'une durée de 5 -10 ans, (environ 100/an en France), permet de contrôler les hypoglycémies mais ne permet pas d'arrêter le traitement par insuline. Les indications sont un peu plus larges, dans les suites d'une greffe de rein, ou quand le diabète a un enjeu vital avec des hypoglycémies gravissimes.
Technique d'encapsulation
« Les cellules pancréatiques issues de donneur ne sont pas suffisantes en quantité pour assurer les besoins, explique le Pr Michel Pinget, président-fondateur du CEED. La recherche se dirige vers les cellules-souches, les cellules artificielles et les cellules animales. Mais il existe un risque de prolifération, de transformation voire de cancérisation. La technique d'encapsulation présente un double avantage, à la fois de traçabilité mais aussi de protection vis-à-vis du rejet. La membrane contient les cellules mais laisse passer l'insuline, le glucose et l'oxygène ».
Le modèle Mailpan, développé au CEED depuis 15 ans, est une technique de très grosse macroencapsulation avec une membrane en polycarbonate. « La macroencapsulation, c'est-à-dire qu'une capsule contient plusieurs îlots, facilite le retrait des petits sacs placés en sous-musculaire sur le péritoine par rapport à la microencapsulation, où une capsule contient un seul îlot », explique le Pr Pinget.
Après un passage réussi de changement d'échelle pour la production industrielle d'îlots, Mailpan a été testé avec succès sur plusieurs modèles précliniques. Aujourd'hui, Mailpan entre en phase de validation clinique avec le premier essai dit de dérisquage pour tester la tolérance chez 5-6 patients diabétiques sur une année. « La problématique à terme, c'est le type de cellules à injecter, explique le Pr Pinget. Notre choix s'oriente pour des cellules souches avec un système de transformation en cellules pancréatiques avec blocage de prolifération. »
Le système israélien Beta-O2 est son concurrent direct. « Leur membrane d'alginate est bonne, avec un système un peu différent, expose le Pr Pinget. Mais les premières implantations chez l'homme ont donné des résultats très variables dans le temps. » L'essai de phase 1 est toujours en cours avec 4 patients inclus sur les 8 prévus.
Question sur la survie des cellules
Le gros point d'interrogation chez l'homme concerne la survie des cellules à long terme. « La membrane est au point, mais la vascularisation du système est un point essentiel à évaluer, explique le Pr Pinget. L'autre facteur qui peut poser problème concerne les dépôts de fibrine, aucun modèle préclinique ne peut le prédire car l'homme est le seul animal à en produire. »
Le CEED travaille sur d'autres projets, en particulier une myokine du « cross-talk » entre le muscle et la cellule pancréatique. « Les applications sont très prometteuses », s'enthousiasme le Pr Pinget. Cette molécule protectrice pourrait prévenir le diabète de type 1 chez les sujets prédisposés, améliorer le diabète de type 2 et augmenter la survie des îlots pancréatiques en greffe classique ou encapsulée.
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