« C’est une étude phare dans le domaine de la santé de l’homme et sans aucun doute une référence pour les futures contributions importantes des Essais Testostérone, souligne dans un éditorial du « New England Journal of Medicine » le Dr Eric Orwoll (Oregon health and Science University, Portland), même si ce rapport risque probablement d’attiser la controverse et d’engendrer de nouvelles questions de recherche. »
La testostérone plasmatique chez les hommes diminue avec l’âge, et l’on observe en parallèle une baisse de la fonction sexuelle, de la mobilité et de l’énergie. Il reste toutefois à savoir dans quelle mesure ces symptômes sont liés à une baisse de testostérone, et si une supplémentation peut améliorer ces problèmes liés à l’age.
C’est pour répondre à ces questions majeures qu’ont été entrepris les Essais Testostérone, avec le soutien financier des National Institute of Health aux États-Unis (NIH). Sept essais, contrôlés par placebo en double insu, ont été menés de façon coordonnée dans 12 centres, chaque essai évaluant un résultat spécifique : fonction sexuelle, vitalité, forme physique, fonction cognitive, anémie, densité osseuse et état cardiovasculaire. AbbVie, l’un des sponsors des essais, a procuré les gels de testostérone et de placebo mais n’a aucunement participé à l’étude.
Les résultats publiés dans le « NEJM » par Snyder et coll. concernent les 3 études principales sur la fonction sexuelle, la vitalité, et forme physique.
Les participants ont été recrutés sur des critères stricts : hommes âgés de 65 ans ou plus, avec des taux sériques de testostérone inférieurs à 275 ng par dl, des symptômes suggérant une hypoandrogénie, et aucune contre-indication à la participation.
Les investigateurs ont inclus 790 personnes (soit 1,5 % des 51 085 hommes âgés qui ont été dépistés). Pendant un an, ils ont appliqué un gel de testostérone (AndroGel 1 %, dose initiale de 5 g/j) ou de placebo, avec dosages réguliers de la testostérone à 1, 2, 3, 6 et 9 mois, afin d’ajuster les doses et maintenir les taux dans l’intervalle normal des hommes jeunes (19 à 40 ans).
Normalisation des taux sériques
Les résultats suggèrent un certain bénéfice. Le traitement par testostérone normalise les taux (chez 91 % des hommes) et améliore modérément tous les aspects de la fonction sexuelle - activité, désir et érection (selon le QPQ questionnaire psychosexuel quotidien), avec toutefois un effet sur la fonction érectile plus faible que celui rapporté avec les inhibiteurs de la phosphodiestérase type 5.
La testostérone n’améliore pas la vitalité (échelle FACIT-Fatigue), mais les hommes signalent une meilleure humeur et moins de symptômes dépressifs. Peu de bénéfices sont observés pour la forme physique : le pourcentage d’hommes parcourant une plus grande distance (au moins 50 m) sur un test de marche de 6 minutes ne diffère pas entre les 2 groupes dans l’essai de « Forme physique » ; les hommes traités par testostérone signalent tout de même une plus grande aisance à la marche.
Ces essais trop petits ne peuvent résoudre la controverse sur les risques potentiels de la supplémentation en testostérone. On n’observe aucun effet toxique majeur, et seulement des effets mineurs sur les taux d’hémoglobine et de l’antigène prostatique spécifique (PSA). Des études plus larges et plus longues seront nécessaires pour évaluer les risques pour la prostate et la santé cardiovasculaire.
« Ces résultats montrent pour la premiere fois que le traitement par testostérone confère un certain bénéfice pour les hommes âgés qui ont clairement un faible taux de testostérone. Toutefois, la décision de traiter ces hommes dépendra aussi des résultats des 4 autres essais (fonctions cognitive, osseuse, cardiovasculaire, et anémie) et des risques de la supplémentation en testostérone », commente dans un communiqué de presse le Dr Peter Snyder de l’université de Pennsylvanie (Philadelphie).
NEJM 18 février 2016, P.J. Snyder et coll.
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