On connaît le risque pour les femmes déjà diabétiques de type 1 (DT1) d’aggraver la rétinopathie diabétique (RD) au cours d’une grossesse. L’équipe lilloise, très impliquée dans le thème « diabète et grossesse », a communiqué, lors du dernier congrès européen de diabétologie de l’EASD à Lisbonne, une série portant sur 499 femmes avec DT1 ayant été enceintes, et suivies dans le même centre de 1997 à 2015.
Les objectifs étaient de connaître la prévalence de la RD, de documenter la progression de l’atteinte rétinienne et les facteurs associés à cette progression. Le suivi avait été fait selon les recommandations en vigueur : le suivi rétinien réalisé par le même opérateur tous les trimestres, en l’absence de RD initialement, tous les mois, en cas de RD avant la grossesse.
La classification a été celle de l’ETDRS. Était qualifié de progression le fait de passer d’au moins un stade de détérioration ou de constater l’apparition d’une RD chez celle qui en était indemnes au départ.
Une progression chez une femme sur cinq
Ces femmes étaient âgées en moyenne de 30 ans, et leur diabète évoluait depuis 14 ± 8 années. À l’examen avant grossesse, 70 % n’avaient pas de RD, 24 % une RD non proliférante et 6 % une RD proliférante. Une femme sur cinq (21,8 %) a eu une progression de sa situation rétinienne : soit 24,4 % une apparition de RD et 15,9 % une aggravation.
La régression à 1 an (en post-partum), a été de 9,3 %.
La progression a été significativement liée à l’HbA1c préconceptionnelle ainsi qu’au premier et deuxième trimestre de la grossesse. Fait très important, un lien a aussi été fortement établi entre la progression de la RD et la baisse de l’HbA1c, entre avant la conception et le 1er trimestre ; entre le 1er et le 3e trimestre ; entre avant la conception et le moment où la valeur la plus basse d’HbA1c de la grossesse a été atteinte.
Les autres déterminants de la progression ont été surtout l’ancienneté de diabète (> 10 années), la nulliparité et l’absence de RD avant grossesse.
Conséquences et recommandations
– Faire en sorte, chez une femme ayant un DT1, d’entreprendre une grossesse avec une cible d’HbA1c de 6,5 % ;
– La pompe à insuline devrait de ce fait être largement proposée à ces femmes ;
– Préciser le statut rétinien de toute femme ayant un projet de grossesse et traiter les RD sévères avec rigueur avant la grossesse ;
– Surveiller très attentivement le statut rétinien des femmes DT1 au premier et deuxième trimestre de la grossesse, plus particulièrement si le diabète est de plus de 10 ans d’ancienneté, chez des femmes nullipares, ayant un mauvais contrôle glycémique, même sans RD initialement ;
– Avoir à l’esprit les risques encourus lorsque le contrôle glycémique est rapidement amélioré chez des femmes ayant une HbA1c élevée.
Professeur Émérite Université Grenoble-Alpes, Grenoble
Anne Vambergue et al. CHRU de Lille France EASD Lisbonne Abstract #1039
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