En situation postprandiale, le muscle squelettique est le principal consommateur de glucose en réponse à l’insuline. Aujourd'hui, il est aussi considéré comme un organe endocrine qui secrète de multiples facteurs (myokines), capables d'agir sur des organes distants ou bien de manière autocrine, afin de maintenir l'homéostasie, en réponse à un défi énergétique (activité physique et prise alimentaire).
Le centre européen d’étude du diabète (CeeD), situé à Strasbourg, a démontré par le passé que, en situation d'homéostasie glucidique, les myokines secrétées par le muscle squelettique modulent la sécrétion d'insuline et la survie de cellules bêtapancréatiques, de façon positive ou négative en fonction de sa sensibilité à l’insuline. Grâce à ExoDia, le CeeD pourra désormais accélérer ses recherches et dans un premier temps déchiffrer les mécanismes de communication entre les muscles et le pancréas au niveau cellulaire afin d’expliquer les bénéfices de l’exercice physique sur le diabète et dans sa prévention. À terme, l’espoir est de pouvoir repenser les thérapies par le sport et développer des solutions médicamenteuses innovantes contre le diabète mimant pharmacologiquement les effets de l’activité physique.
« Je vais me focaliser dans la communication muscle squelettique-pancréas, détaille la Dr Maria Luisa Mizgier, actuellement à l’université Pontificale Catholique de Santiago du Chili et qui rejoindra le CEED en tant que post-doctorante. Grâce aux travaux du Dr Karim Bouzakri (qui avait été lui-même distingué de la bourse Marie Skłodowska-Curie), on sait que le myokines peuvent moduler la sécrétion d'insuline et la masse de cellules bêtapancréatiques. De plus, il a récemment été proposé que des microvésicules (i.e. exosomes) contenant des petites molécules, tels que les microRNA, puissent être libérées par le muscle, et agir sur les îlots pancréatiques. Ma mission au cours de ce post-doctorat sera principalement de caractériser ces exosomes, provenant de différents types de muscles (type I, II ou mixtes), issus de patients contrôles ou diabétiques de type 2. Avec les équipes du CeeD, nous allons ainsi évaluer leur effet autocrine, sur la sensibilité musculaire à l'insuline, l'expression génique, et endocrine sur la survie et la fonction bêta-pancréatique ».
Concernant les molécules qui pourraient mimer l’effet du sport, « les premières études réalisées par le CeeD ou par leurs collaborateurs sont très encourageantes chez le rongeur et demandent maintenant une transposition à l’humain. Elles seront réalisées en partenariat avec mon actuel laboratoire au Chili, et permettront de proposer une approche thérapeutique aux patients dans une dizaine d’années », estime la Dr Luisa Mizgier, qui ajoute que cette approche novatrice de la communication croisée entre les organes permet d’envisager des solutions thérapeutiques pour d’autres maladies comme le cancer.
Entretien avec la Dr Maria Luisa Mizgier
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