La prévalence des troubles du métabolisme du glucose est très élevée parmi les patients hospitalisés pour un syndrome coronarien aigu (SCA) : elle concerne plus de deux-tiers des patients. C'est pourquoi le dépistage de ces troubles est préconisé dans plusieurs recommandations, en réalisant une hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) chez tous les patients après un SCA. Mais, en pratique, est-ce faisable ?
Les programmes de réadaptation cardiaque (RC) comprennent des soins et une éducation sur les risques cardiovasculaires, notamment sur les troubles du métabolisme du glucose et le diabète. Cela pourrait être un bon moment pour mettre en œuvre un dépistage systématique.
Deux-tiers d'anomalies glycémiques
Une étude française a évalué la faisabilité et l'efficacité du dépistage des troubles du métabolisme du glucose en RC (1). Parmi les 343 patients admis au centre de RC (de 2013 à 2015) à la suite d'un SCA récent, 72 (21 %) avaient un diabète déjà diagnostiqué (HbA1c ≥ 6,5 %) à l'inclusion dans le programme. L'HGPO a été réalisée chez les 271 patients restants. Elle a alors révélé que 42,3 % de ces patients avaient une altération des glycémies : 12,4 % un diabète, alors que les autres avaient soit une intolérance au glucose, soit une glycémie à jeun (GAJ) anormale, soit les deux.
Ainsi, au total des 343 patients on retrouve : 2/3 de diabètes connus ou d'anomalies des glycémies méconnues (soit 21 % et plus de 40 % respectivement).
Les sujets ayant des glycémies anormales avaient un IMC à peine plus élevé, sans atteindre les critères de l'obésité (< 30 kg/m2), pas plus de tabagisme, ni de taux de LDL ou HDL anormaux, ni d'anomalie de la FEVG, en revanche on relève des triglycérides plus élevés et plus d'HTA. Il s'agissait de sujets majoritairement de sexe masculin.
Une fenêtre optimale pour le dépistage
Cette étude, menée en France, démontre que le dépistage des troubles du métabolisme du glucose, en réalisant une HGPO pendant des sessions de RC après un SCA est tout à fait réalisable (chez 97 % des patients)... alors que son utilisation au décours du SCA est très peu pratiquée (chez 0,54 % des patients).
Le rôle du diabète, et plus encore celui de l'intolérance au glucose, ont été longtemps ignorés ou sous-estimés par la cardiologie. Ceci est moins vrai aujourd'hui mais, dans les centres de réhabilitation post-SCA, on constate que ce dépistage n'a pas encore été mis en place jusqu'alors. Nos collègues en charge de ces programmes doivent désormais prendre connaissance de ce travail et inclure rapidement ce dépistage, avec des programmes d'éducation préventive structurés.
Professeur émérite, université Grenoble-Alpes (Grenoble)
(1) Vergès B et al. High efficacy of screening for diabetes and prediabetes in cardiac rehabilitation after an acute coronary syndrome (ACS). The REHABDIAB study. Diabetes & Metabolism 2019(45);1:79-82.doi.org/10.1016/j.diabet.2017.05.012
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