Une situation qui progresse en France

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Publié le 27/02/2020
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Deux enquêtes françaises permettent d'apporter un éclairage plus précis sur les situations de vulnérabilité alimentaire. « Le baromètre Ipsos/Secours Populaire axé sur la pauvreté et la privation des Français (1) a mis en exergue le fait que l'alimentation est l'un des postes qui pose le plus de problèmes. Une proportion non négligeable de Français affirme avoir des difficultés pour s'alimenter correctement. Cela ne concerne pas uniquement les plus bas revenus. Exemple frappant : plus de 30 % des femmes interrogées pour l'étude ont des difficultés à consommer des fruits et légumes tous les jours et plus de 20 %, ont du mal à pouvoir assurer trois repas sains par jour », déplore France Caillavet, économiste, directrice de recherche à l’Inra. Les études Inca 2 (2006-2007) et 3 (2014-2015), menées par l'Anses et exploitées par l'Inra et AgroParisTech, bien qu'elles ne puissent être comparées d'un point de vue méthodologique, montrent toutefois une légère progression de l'insuffisance alimentaire, qualitative et quantitative, au sein de la population : moins de fruits et légumes consommés, en moyenne, et plus de céréales raffinées ; et ce pas seulement pour raisons financières.

« En France, le coût estimé de l'aide alimentaire a atteint 1,5 milliard d'euros en 2016. Cette aide est peu coûteuse pour l'État : seul le tiers de ce montant est assumé par les fonds publics. Le reste est financé par les acteurs privés (tels que les ONG) et le secteur privé, via les dons et la lutte contre le gaspillage, explique France Caillavet. Mais nous observons qu'une partie de la population en situation de pauvreté ne recourt pas à l'aide alimentaire. Il s'agit d'une population invisible dont il est difficile de cerner les besoins. Des enquêtes, déjà programmées – Santé, inégalités et ruptures sociales (Sirs) en région parisienne pour 2020 et Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire (Abena 3) pour 2020-2021, au niveau national – devraient nous apporter de nouveaux éclairages sur les situations de vulnérabilité alimentaires ».

(1) Juin 2018, échantillon de 1 016 personnes de plus de 15 ans


Source : lequotidiendumedecin.fr