Comme il est de coutume à la Société francophone du diabète (SFD), c'est le vice-président qui a pris la présidence lors du renouvellement du bureau en janvier dernier, succédant ainsi à sa consœur la Pr Hélène Hanaire dans la continuité. Pour ce mandat de deux ans, le Pr Charles Thivolet (CHU de Lyon), a déjà plusieurs priorités d’actions. « La première va concerner les recommandations sur la prise en charge médicamenteuse de l’hyperglycémie du patient présentant un diabète de type 2. Nous avons publié en décembre une actualisation de notre prise de position de 2017 (lire page 8), précise le Pr Thivolet. Elle souligne la nécessité de prendre en compte non seulement l’objectif glycémique, le risque d’hypoglycémie et la maîtrise du poids, mais aussi le risque cardiovasculaire et rénal ». La SFD expliquait ainsi : « Ce changement de focale est devenu possible grâce à l’accumulation de données nouvelles concernant, notamment, la classe des agonistes du récepteur du GLP 1 et celle des inhibiteurs de SGLT 2 (lire p 9 et 20). Même si celle-ci n’est toujours pas disponible en France, il nous a paru indispensable de décrire la place de cette classe thérapeutique, commercialisée aujourd’hui dans plus de cent pays dans le monde et pour laquelle les données de la littérature permettent d’envisager un positionnement préférentiel chez de nombreux patients, comme cela est proposé depuis 2018 dans le consensus d’experts de l’ADA et de l’EASD ». Cette actualisation devrait aussi permettre de nourrir la discussion avec la Haute autorité de santé (HAS) dans le cadre de la révision des recommandations de 2013. « Nous espérons que le dialogue sera fructueux et qu’en 2020 sortira un texte correspondant à ce que nous pensons être les bonnes pratiques dans ce domaine », indique le Pr Thivolet.
Un autre dossier important est celui des mutations technologiques dans le diabète de type 1 (lire p 4 à 7 et 16-17). « Cela concerne aussi bien la mesure continue du glucose que les systèmes de boucle fermée. La question est de savoir comment vont être mis en place et surtout financés ces différents dispositifs médicaux. Il va falloir déterminer les patients pouvant bénéficier de ces innovations et s’assurer d’une utilisation optimale de ces dispositifs », indique le Pr Thivolet.
Des banques de données pour la médecine personnalisée
Une troisième priorité sera de renforcer la synergie entre activités de recherche et activités cliniques. « Un des enjeux est de pouvoir développer une médecine de plus en plus personnalisée qui pourra, demain, nous permettre d’identifier les profils génétiques des patients diabétiques présentant le plus de risque de complications, notamment cardiovasculaires (lire p 18). L'objectif est de mettre en charge une prise en charge la plus précoce et adaptée possible ». Dans ce contexte, la constitution de banques de données va être déterminante, que ce soit pour le diabète de type 2, mais aussi pour le diabète de type 1, avec la cohorte SFD-T1.
Enfin, en 2020, la SFD va continuer à participer aux discussions sur la mise en place du forfait diabète (lire page suivante). Celui-ci a été ciblé dans un premier temps sur la prise en charge hospitalière, et va concerner les patients vus en consultation, en hôpital de jour et en hospitalisation d’une seule nuit. Des propositions, concernant la gradation des soins en trois niveaux, avec des forfaits proportionnels permettant la constitution d’une équipe socle multiprofessionnelle, ont été formulées par une majorité des acteurs : la SFD, le comité national professionnel, les autres sociétés savantes – notamment la Société française d’endocrinologie et de diabétologie pédiatrique (SFEDP) et la Société francophone d’information médicale (SoFIMe) –, des associations de patients telles la FFD et l'AJD, les fédérations hospitalières – FHF, FEHAP et FHP – le collège des diabétologues et endocrinologues des hôpitaux généraux, les conférences des directeurs généraux de CHU, des présidents de CME de CHU. Les arbitrages sont toujours en attente mais seront déterminants pour la qualité des soins et la prévention des complications associées avec cette pathologie chronique.
exergue : Nous souhaitons un dialogue sera fructueux avec la HAS, en espérant que ses recommandations 2020 reflètent ce que nous pensons être les bonnes pratiques
Entretien avec Charles Thivolet, président de la SFD, professeur de diabétologie au CHU de Lyon
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