UNIVERSELLEMENT utilisé, le terme de « coliques du nourrisson » devrait plutôt être remplacé par le terme « irritabilité », précise le Pr Christophe Dupont, chef du service de néonatalogie et nutrition de l’hôpital Cochin-Saint Vincent de Paul, à Paris, qui ajoute : « En effet, l’enfant pleure mais la raison est difficile à trouver et le colon, à l’origine du terme " coliques " n’est probablement pas toujours responsable. Parmi les nombreux critères de définition des coliques du nourrisson, la fréquence est le plus reconnu : selon une règle ancienne, probablement obsolète, l’enfant pleure plus de trois heures par jour, plus de trois fois par semaine et depuis plus de trois semaines (règle des trois). Ces pleurs surviennent dans la journée et le soir et peuvent être suffisamment sévères pour déstabiliser les parents ».
Les deux principales maladies génératrices de pleurs chez le nourrisson sont l’allergie au lait de vache (probablement 10 à 15 % des cas) et le reflux gastrique (de fréquence probablement semblable). De ce fait, l’éviction du lait de vache et le traitement anti-reflux par inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) permettent d’améliorer la symptomatologie chez 20 à 30 % de ces nourrissons « irritables ». L’effet de ces traitements peut nécessiter quelques jours, et il faut accepter d’être patient.
Lorsqu’aucune de ces deux maladies n’est retrouvée (70 à 80 % des cas), et si les pleurs sont sévères, il faut s’attacher à vérifier l’absence d’une affection sous-jacente, notamment une anomalie anatomique : mal rotation digestive, malformation des reins ou des uretères, kyste pancréatique… Néanmoins, la découverte de telles affections organiques reste exceptionnelle à ce stade, car elles sont généralement été mises en évidence lors d’échographies ante-natales.
Le plus souvent, aucune cause retrouvée.
Dans la majorité des cas, aucune cause ne sera retrouvée et le médecin se devra alors de rassurer les parents en leur expliquant que les coliques vont progressivement diminuer pour disparaître vers l’âge de 3-4 mois, exceptionnellement plus tard, vers 6 mois. Quelques conseils simples, qui peuvent améliorer la symptomatologie, doivent être donnés aux parents : il faut calmer l’enfant, lui masser le ventre afin de favoriser l’émission des gaz… La prescription d’antispasmodiques, de polysilane, de probiotiques, voire certaines tisanes, peuvent parfois permettre de soulager l’enfant. Longtemps incriminée, l’angoisse de la mère semble être surtout une conséquence des pleurs de l’enfant et non une cause.
Enfin, ajoute le Pr Dupont, « Contrairement à ce que l’on a pu dire, les coliques du nourrisson ne concernent pas que les enfants des pays développés. Il s’agit d’une maladie universelle qui peut toucher tous les bébés du monde dès la première ou deuxième semaine de vie et ce jusqu’à 3-4 mois. On se dirige aujourd’hui vers de nouvelles pistes étiologiques : à titre d’exemple, plusieurs équipes médicales se sont aperçues que les taux des marqueurs de l’inflammation intestinale (calprotectine) étaient plus élevés chez les enfants souffrant de coliques ».
Propos recueillis auprès du Pr Christophe Dupont (chef du service de néonatalogie et nutrition, Hôpital Saint Vincent de Paul, Paris).
Pr Christophe Dupont : pas de conflits d’intérêt déclarés.
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