Deux chirurgiens ayant opéré Corentin, 11 ans, décédé des suites d'une appendicectomie réalisée à la clinique Claude-Bernard de Metz en 2014, ont été mis en examen pour homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence.
Le jeune garçon avait été admis le 31 octobre 2014 dans la clinique pour des douleurs au ventre diagnostiquées comme une appendicite. L'intervention, réalisée par cœlioscopie le 1er novembre, avait été arrêtée après que l'aorte fut touchée par un instrument, provoquant une hémorragie. Au bout de neuf heures d'opération à Metz, l'enfant a été transféré au CHU de Nancy où il est décédé. Au total, sept praticiens sont intervenus à son chevet.
Perte de temps
Le premier chirurgien, interdit d'exercer la médecine pendant 3 ans selon la décision de la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des médecins de Lorraine rendue en février dernier (dont il a fait appel), s'est expliqué devant la justice lundi 29 août.
Selon le Républicain Lorrain, le Dr Salah Benlahrir a répété au juge d'instruction Jean-Marie Caronna qu'il « fallait bien, selon lui, opérer Corentin qui souffrait d'une appendicite chronique », et que l'enfant était décédé faute d'avoir pu juguler l'hémorragie.
« Le temps a été un élément important. Mon client a demandé rapidement à ouvrir le patient mais les anesthésistes présents au bloc l’en ont dissuadé [craignant une embolie gazeuse ou un choc anaphylactique]. Il a aussi indiqué au juge qu’il avait appelé à l’aide un autre chirurgien [le Dr Chipponi, chirurgien gastrique] qui s’est dit capable de réparer l’aorte de Corentin. Il n’a pas réussi… et je pense qu’il y a eu des problèmes de communication dans ce bloc. Je rappelle que ce jour-là, mon client était le vacataire, face à des praticiens plus expérimentés », analyse son avocat Me Joseph Roth, cité par le Républicain Lorrain.
« Ce n'est pas anodin, une cœlioscopie. Il y a énormément d'accidents, de 100 à 150 par an. Dans ce cas, cela a pris des proportions qui deviennent déraisonnables : ce n'est pas toute la compétence d'un médecin qui est remise en cause à cause d'un accident », a dit à l'AFP Me Roth.
Le Dr Benlahrir encourt jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.
Le second chirurgien, le Dr Pierre-Noël Chipponi, interdit d'exercice pendant deux ans dont un avec sursis par l'Ordre de Lorraine, a aussi été mis en examen ce 30 août. « Nous sommes satisfaits car nous réclamions l'accès au dossier depuis des mois ; cette mise en examen est l'occasion pour mon client de s'exprimer, c'est une bonne chose », a réagi son avocat Me George Lacoeuilhe.
Le diagnostic d'appendicite questionné par les experts
Me Marc Baerthelé, l’avocat de la mère de Corentin, considère que cette mise en examen est « la suite logique de l’enquête du juge », dont les rapports d’experts « mettent en cause de façon carrée la responsabilité des chirurgiens ce jour-là ». « Les chirurgiens vont s'expliquer » a-t-il commenté.
Selon la presse locale, les experts mandatés par la justice ont conclu en janvier que Corentin souffrait d'une colopathie fonctionnelle et qu'il n'y avait pas d'arguments cliniques ou radiologiques en faveur d'une appendicite ; en outre, ils accusent les deux chirurgiens d'avoir perdu du temps et de n'avoir pas respecté les règles de l'art.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024