Les résultats de l’étude Esteban 2014-2016 montrent que près d’un Français sur deux est en surpoids (IMC ≥ 25) et que la prévalence de l’obésité (IMC ≥ 30) dans la population générale est légèrement supérieure à 17 % avec une majorité d’obésité dite modérée (IMC < 35).
Si ces chiffres indiquent une stabilisation du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adulte en comparaison des données relevées par l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) menée en 2006, ils révèlent également que la prévalence du surpoids, obésité comprise, reste encore trop importante dans notre pays.
Ces données associées à l’amélioration des techniques chirurgicales expliquent certainement pourquoi le taux de recours à la chirurgie bariatrique s’est amplifié en France au cours des dix dernières années et a été multiplié par 2,6 entre 2008 et 2014, selon une étude réalisée à partir des données du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 6 mars 2018. Quelle que soit la technique employée, cette intervention n’est pourtant anodine et reste indiquée en deuxième intention pour des patients en échec d’une prise en charge multidisciplinaire menée pendant 6 à 12 mois et atteints d’une obésité morbide ou sévère associée à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée après intervention.
Une perte de poids pérenne et moins de complications
Aujourd’hui, la chirurgie bariatrique comporte deux grands types d’intervention. Celles basées exclusivement sur une restriction gastrique (anneau gastrique, sleeve gastrectomie) et celles impliquant une malabsorption intestinale (bypass gastrique ou, plus rarement, dérivation biliopancréatique). Hormis la pose d’un ballon gastrique dont « les résultats sont intéressants mais transitoires puisque seulement un quart des patients maintiennent leur perte de poids à deux ans », ainsi que l’explique le docteur Gabriel Rahmi, hépato-gastro-entérologue et endoscopiste interventionnel à l’Hôpital européen Georges Pompidou (Paris), aucune intervention non chirurgicale n’existait dans ces indications avant l’arrivée récente de la suture endoscopique ou « sleeve endoscopique », désormais pratiquée dans une dizaine de centres en France.
Cette gastroplastie qui consiste à réaliser par voie endoscopique une suture pour réduire le volume de l’estomac d’environ 60 % (contre une résection d’environ deux tiers lors d’une sleeve gastrectomie) présente de nombreux intérêts par rapport aux techniques existantes de chirurgie bariatrique : une hospitalisation plus courte et des complications beaucoup moins fréquentes et importantes. Par rapport au ballon intragastrique, la sleeve endoscopique semble plus efficace car elle entraîne une perte de poids de 10 % par rapport au poids initial maintenue à 2 ans pour 70 % des patients. « La révolution que représente actuellement l’endoscopie digestive interventionnelle mini-invasive est associée à une morbidité faible et une mortalité nulle », explique le Dr Rahmi tout en rappelant que « l’endoscopie bariatrique répond aux mêmes règles que la chirurgie bariatrique » et s’appuie sur une concertation multidisciplinaire. Indiquée pour certains patients présentant un IMC compris entre 30 et 35 et pour lesquels la chirurgie est contre-indiquée, cette technique « reste pour le moment confidentielle et en attente de recommandations car encore trop jeune et en cours d’évaluation », précise le Dr Rahmi. Pour autant, « une importante recherche clinique et préclinique est actuellement effectuée » qui pourrait permettre « d’élargir prochainement ses indications ».
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