Chaque année, plus 165 000 interventions chirurgicales sont réalisées en France dans le cadre du traitement des hernies.
Touchant surtout les hommes, cette pathologie fréquente mais bénigne nécessite une correction chirurgicale qui « techniquement pose problème », souligne le Dr Édouard Pélissier, chirurgien coordonnateur à l'Institut de la Hernie à Paris. Les procédés prothétiques ont permis de faire chuter les taux de récidive de 1 à 2 % contre 10 à 15 % avec les méthodes traditionnelles par sutures, désormais quasiment abandonnées. « Le problème actuel, ce n'est plus la récidive mais la douleur chronique », constate le Dr Pélissier. Les actes chirurgicaux pour traiter la hernie restent aujourd'hui majoritairement réalisés selon la technique dite de « Lichtenstein » où la prothèse est fixée à la surface de la paroi musculaire. Or, celle-ci est au contact des nerfs du canal inguinal et peut provoquer des irritations chroniques qui sont à l'origine de douleurs. Pour le patient, « la technique de Lichtenstein, c'est 10 à 12 % de douleurs chroniques dont 2 à 6 % sont invalidantes », note le Dr Pélissier. « C'est inacceptable car la hernie, en soi n'est généralement pas douloureuse », ajoute-t-il.
Prothèse en profondeur
Si beaucoup de douleurs chroniques diminuent avec le temps, les douleurs dites invalidantes nécessitent en revanche une prise en charge en centre anti-douleur. Ce n'est qu'en ultime recours qu'une nouvelle intervention chirurgicale est envisagée. « On ne réopère qu'à minima car c'est un acte lourd dont le résultat n'est pas garanti et qui peut provoquer des lésions au niveau du petit filet nerveux, voire même des risques d'atrophie testiculaire », explique le chirurgien. D'où l'intérêt des techniques pré-péritonéales et cœlioscopiques où la prothèse est appliquée en profondeur, par la pression de la paroi abdominale. N'étant pas au contact des nerfs cheminant dans le canal inguinal, cette approche « en profondeur » est aussi plus complexe que la méthode Lichtenstein utilisée en routine dans les CHU. Cette chirurgie est proposée à l'Institut de la Hernie, au 15 rue du Cirque à Paris, qui sert de lieu de consultations. Les interventions sont programmées dans des cliniques parisiennes partenaires, en chirurgie ambulatoire pour 90 % des interventions.
Minimiser l'anesthésie
La prothèse peut être placée profondeur par cœlioscopie. La prothèse peut aussi être mise en place grâce la technique TIPP (trans-inguinal-pré-péritonéal) qui consiste en une incision directe de petite taille au niveau de l'aine en utilisant la prothèse auto-expansive « Polysoft » à mémoire de forme. Une technique introduite en 2005 par le Dr Pélissier qui offre l'avantage de proposer au patient une anesthésie moins profonde que la cœlioscopie, voire une anesthésie avec sédation, ou même une hypno-analgésie. S'inspirant des modèles d'institut nord-américain, le Dr Pélissier a réuni une équipe d'experts en chirurgie digestive, cœlioscopique et cancérologique - les Drs Philippe Ngo, Sylvie Gueroult, Hubert Johanet et Jean-Pierre Cossa - ainsi qu'un anesthésiste-réanimateur, le Dr Denys Coester. L'Institut de la hernie doit également contribuer à faire avancer la recherche, avec des publications en groupe sur des sujets pointus.
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