Une enzyme présente dans la flore intestinale

Le secret des Japonais pour digérer les sushis

Publié le 17/12/2010
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Crédit photo : BSIP

LA FLORE INTESTINALE de l’homme lui est indispensable pour digérer les polysaccharides contenus dans son alimentation. En effet, les bactéries intestinales contiennent des enzymes capables de scinder des polysaccharides alors que le génome humain ne contient pas de telles enzymes. C’est dans ce contexte que des chercheurs (Myriam Czjzek et coll.) de la station biologique de Roscoff (CNRS/UPMC) se sont intéressés à la porphyranase, enzyme qui dégrade les polysaccharides. Lors de leur recherche, ils ont ainsi découvert que la porphyranase dégrade le porphyrane, polymère de sucre de la paroi d’une algue marine de couleur rouge, appelée Porphyra. Or on sait que cette algue, qui serait consommée par les Japonais depuis de très nombreuses années, est utilisée pour confectionner les fameux sushis japonais.

Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont ensuite comparé les données génomiques de la flore intestinale de 13 individus japonais et de 18 individus nord-américains et ont eu la surprise de retrouver la porphyranase dans la flore intestinale des Japonais mais pas dans celle des Nord-américains.

Forts de cette découverte, les chercheurs français ont ainsi supposé que la présence de l’enzyme dans la flore intestinale des Japonais était directement liée à leur mode de nutrition. « Grands consommateurs de Porphyra depuis plusieurs siècles, les Japonais seraient entrés en contact avec les bactéries marines qui renferment les porphyranases, via leur alimentation », indique un communiqué CNRS/UPMC. Myriam Czjzek et son équipe présument qu’un transfert de gènes de bactéries marines vers les bactéries de l’intestin aurait permis à la microflore des Japonais de recevoir la « machinerie » pour dégrader les polymères des sucres de l’algue Porphyra. Ces travaux suggèrent que la nourriture associée à des bactéries marines pourrait être un moyen, pour la flore intestinale humaine, d’acquérir de nouvelles enzymes, ce qui pourrait entre autres expliquer leur diversité.

Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879