LA LITTÉRATURE, jusqu’à présent, ne pouvait répondre de façon satisfaisante à la question : les traitements par statine réduisent-ils le risque de survenue de lithiases biliaires à sanction chirurgicale ? Grâce à une étude de très grande envergue, une équipe suisse a pu confirmer l’action préventive de ces hypolipémiants sur la cholécystectomie.
Michael Bodmer (Bâle) et coll. ont réalisé une étude cas-contrôle à partir d’une base de données britannique. En tout 27 035 patients ont été enrôlés, 9 602 ayant eu une cholécystectomie isolée et 17 433 pour lithiase. Ils ont été appariés à 106 531 témoins. Les patients devaient avoir plus de 20 ans au moment du diagnostic de la lithiase, survenue entre 1994 et 2008. Il s’agissait essentiellement de femmes (76 %), l’âge médian était de 53,4 ans.
Dans la cohorte, 2 396 patients et 8 868 contrôles prenaient une statine. L’analyse du lien entre le traitement et la lithiase a été réalisée en tenant compte de la durée de prescription de l’hypolipémiant. Par rapport aux non-utilisateurs, chez ceux ayant bénéficié de 1 à 4 ordonnances de statine (1 % des patients et 0,8 % des contrôles) l’odds ratio d’une cholécystectomie était de 1,10. Pour ceux ayant eu de 5 à 19 ordonnances (respectivement 2,6 et 2,4 %) l’odds ratio descendait à 0,85. Pour 20 prescriptions et au-delà (respectivement 3,2 et 3,7 %) il diminuait encore à 0,64. Ces odds ratio étaient ajustés en fonction du tabagisme, de l’IMC, d’une affection coronarienne, d’un AVC antérieur ou d’une estrogénothérapie substitutive.
L’utilisation prolongée (de 12 à 18 mois).
L’odds ratio à 0,6, lié donc à l’utilisation prolongée (de 12 à 18 mois), expliquent les chercheurs, suggère que l’action de la statine sur la lithiase est largement indépendante d’une hypercholestérolémie. En effet, la correction thérapeutique de l’excès de cholestérol est obtenue dans les semaines suivant l’instauration du traitement. L’analyse montre également, que sur le long terme, l’odds ratio tend encore à diminuer chez les individus sous fortes doses par rapport à ceux sous faible dose. L’équipe complète son constat sur l’action thérapeutique qui semble bien un effet de classe.
Les forces de ce travail reposent sur : la qualité et l’ampleur de la base de données ; le nombre de patients opérés et la quantité d’informations disponibles. Mais l’étude montre aussi quelques faiblesses. Un risque de mauvaise classification de patients est possible. L’absence d’ajustement de l’odds ratio en fonction de certains facteurs de risque : activité physique ; alimentation (riche en sucre ou graisses ; consommation de fruits ; légumes ou café) ; certains médicaments. Enfin aucun contrôle n’a été fait sur le statut socio-économique des participants, alors qu’il est connu que le risque de lithiase s’élève quand le niveau s’abaisse.
Les statines pourraient agir en faisant diminuer la biosynthèse de cholestérol hépatique et par voie de conséquence sa sécrétion biliaire. Il faut se souvenir que de 80 à 90 % des lithiases biliaires sont d’origine cholestéroliques.
JAMA vol 302, n° 18, pp. 2001-2007.
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