« SI LES FEMMES associent de façon préférentielle les douleurs à une constipation, il semble que les hommes ont plus souvent une forme de SII à type de diarrhée motrice fonctionnelle peu douloureuse, déclenchée par le stress ou un repas », observe le Pr Marc-André Bigard, service d’hépatogastroentérologie du CHU de Nancy.
Les formes prédominantes du SII (puisque l’intestin grêle y participe) paraissent, en dépit de leur substratum physiopathologique identique, opposées : certains manifestent leur SII par une constipation, d’autres par une diarrhée, d’autres encore par une alternance de constipation et de diarrhée, d’autres enfin par une absence de troubles du transit, le dénominateur commun du SII étant la douleur et les ballonnements.
Le diagnostic, d’exclusion, est donc porté sur la clinique : troubles du transit, ballonnements et douleurs, des symptômes anciens, qui ont débuté vers 35 ans, associés à un bon état général. Le seul diagnostic différentiel est pour un jeune adulte celui de la maladie de Crohn (écarté sur une NFS et un dosage de la protéine C réactive) ; à 45-55 ans, celui d’un cancer colique. Les SII ne font pas plus de cancer colique que le reste de la population, mais à trop banaliser les symptômes d’un SII, le risque de méconnaître un cancer n’est pas nul…
Enfin, la flore comme la colposcopie et l’anatomopathologie colique est strictement normale, qui n’objective aucun signe d’inflammation.
Le prototype de la relation malade/médecin.
Les médicaments ne sont pas très utiles et toute l’habileté du médecin est de dédramatiser, tout en prenant au sérieux une maladie (de société ?) qui incite au nomadisme médical, à la recherche de la solution miracle. La normalité des examens aussi inquiète les patients et les conduit à demander toujours plus d’examens complémentaires pour comprendre…
Sur un fond de dialogue (d’écoute !) permanent, il s’agit d’améliorer le transit, dans un sens (par des aliments riches en fibres, en son de blé, introduit à dose très progressive en commençant par 5 g par jour, voire un laxatif type macrogol ou lactulose) ou un autre (en oubliant les salades et légumes à feuilles en cas de diarrhée). On peut, s’il le faut, y ajouter du lopéramide en cas de diarrhée motrice (2 à 3 gélules par jour, sur une période qui peut être longue). Et du phloroglucinol (Spasfon) sur les douleurs. « Les méthodes non médicamenteuses sont à l’évidence plus « rentables », indique le Pr Bigard, comme la relaxation, la course à pied ou la natation qui évacue le stress d’un organisme « cocotte-minute ».
Le traitement médicamenteux d’un colon irritable pourrait être différent selon le sexe. On sait effectivement que l’on peut moduler la sensibilité intestinale en jouant sur les récepteurs à la sérotonine ; et l’on a d’ailleurs obtenu des résultats, certes modestes, mais significatifs avec ces molécules chez les femmes uniquement (au prix d’effets secondaires non négligeables toutefois), ce qui a conduit à leur enregistrement à cette condition, d’usage réservé à la femme…
Conflits d’intérêt Pr Bigard : pas de conflits d’intérêts dans ce domaine. Pour le reste, fichier joint DPI 2009/page 68 : www.afssaps fr/content/download/30434/401641/version/1/.../DPI2009.pdf
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