Une équipe de chercheurs de l'INSERM de Tours a, pour la première fois, pu observer le virus de l'hépatite C (VHC) au microscope électronique. Ce virus, découvert en 1989 grâce à des techniques de biologie moléculaire, n'est identifiable et quantifiable que par la recherche de l'ARN viral circulant dans le sang.
L'étude, publiée dans la revue « Gut », vient infirmer les résultats d'une autre équipe de chercheurs américains qui avait affirmé, en 2013, avoir obtenu des images du VHC en microscopie électronique. « À la lumière de nos résultats, ces images étaient celles de particules lipidiques associées à des protéines virales », explique le Dr Jean-Christophe Meunier, responsable des travaux de l'INSERM.
Des lipo-viro particules
La spécificité du VHC est qu'il circule dans le sang sous forme de particules hybrides, les lipo-viro particules, résultant de la fusion du virus (son nucléocapside et son ARN) avec des lipoprotéines (constitué de cholestérol et d'apolipoprotéines B et E). Cette stratégie lui permet d'échapper au système immunitaire et de pénétrer plus facilement dans les cellules hépatiques pour s'y multiplier.
Mais elle le rend également plus difficile à visualiser : en fonction de la quantité de lipoprotéines liées au virus, sa forme circulante sera plus ou moins grosse, plus ou moins arrondie, donc irrégulière. Ces particules viro-lipidiques auront un aspect proche de celui d'une lipoprotéine et non d'un virus, à la structure plutôt homogène.
Un cocktail d'anticorps pour capturer le virus
La difficulté pour l'équipe de chercheurs de Tours a donc été de mettre au point une technique permettant de capturer le virus sous sa forme naturelle (une particule viro-lipidique) et d'être certains que les particules récoltées étaient bien des virus et non des protéines virales associées à des lipides.
« Nous avons choisi de ne pas utiliser de techniques de concentration des particules virales, qui risqueraient de les dégrader, pour récupérer ces lipo-viro particules, de manière à préserver leur structure naturelle », indique le Dr Éric Piver, premier auteur de l'étude. Les chercheurs ont préféré utiliser le surnageant de cultures cellulaires infectées par le virus ainsi que des sérums de patients souffrant d'infection chronique au VHC.
Ils ont récupéré les particules viro-lipidiques grâce à une technique d'immunocapture utilisant des grilles recouvertes d'anticorps : les uns spécifiques des apolipoprotéines B et E et un autre dirigé contre le complexe protéique E1E2, une protéine d'enveloppe du virus qui s'exprime en surface des lipo-viro particules.
Une fois ces particules « attrapées », l'équipe a pu les observer au microscope électronique. Afin de s'assurer que les images obtenues étaient bien celles de particules viro-lipidiques, les chercheurs ont également « délipidé » ces particules en les plongeant dans un détergent - ce qui a permis d'éliminer l'enveloppe lipidique et le cholestérol. Ils ont ensuite utilisé des anticorps spécifiques du nucléocapside viral pour identifier le VHC.
En attendant un vaccin…
Outre le fait que c'est la première fois que l'on observe le virus de l'hépatite C et que cette technique pourra servir à rechercher d'autres virus difficilement identifiables, cette première laisse entrevoir des espoirs pour le développement d'un vaccin contre le VHC. « Connaître la structure et l'organisation exacte de ces particules viro-lipidiques sera fort utile pour ceux qui travaillent là-dessus », souligne le Dr Meunier.
« En ciblant la partie visible et accessible des protéines d'enveloppe du virus, il sera possible de stimuler le système immunitaire pour qu'il produise des anticorps dirigés contre ces protéines de l'enveloppe virale », conclut le Dr Piver.
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