Les recommandations françaises actuelles réservent la transplantation fécale aux infections récidivantes à Clostridioides difficile (anciennement Clostridium difficile), définies par au moins deux récidives après un premier épisode traité efficacement par antibiotiques. Le protocole de traitement comprend généralement un traitement antibiotique initial (vancomycine ou fidaxomicine) pendant 4-5 jours minimum, une préparation colique puis l’administration de la transplantation de microbiote fécal (TMF), soit par voie haute (sonde nasogastrique/duodénale ou gélules), soit par voie basse (lavement ou coloscopie).
Selon une nouvelle publication du Lancet Regional Health, non seulement la greffe fécale est supérieure aux autres thérapeutiques dans ces indications, mais il se pourrait qu’elle présente également un intérêt dans les infections non récidivantes. Les chercheurs, une collaboration de scientifiques norvégiens et hongrois, ont procédé à une méta-analyse sur 68 études et une revue systématique de la littérature. En ce qui concerne l'efficacité des différents traitements pour éliminer l'infection à C. difficile, ils se sont appuyés sur les données de 5 654 patients. Il en ressort que la transplantation fécale était statistiquement supérieure à toutes les autres approches thérapeutiques.
La fidaxomicine pour le traitement initial
Les chercheurs ont intégré des études comparant plusieurs antibiotiques pour le traitement initial avant la greffe proprement dite. La fidaxomicine s'est montrée significativement supérieure à la vancomycine pour le taux de guérison global.
Le risque de récidive a été apprécié à partir des données de 2 283 patients. La greffe fécale était également supérieure, suivie par le tolevamer (du polystyrène sulfonate de sodium développé dans l'indication spécifique du traitement des infections à C. difficile), la teicoplanine et le ridinilazole (un bis-benzimidazole ayant une activité bactéricide sélective sur C. difficile). Les auteurs précisent que ces derniers résultats restent à interpréter avec prudence, en raison du faible nombre d'études.
En ce qui concerne la voie d'administration, il n'y a pas de différence significative d'efficacité entre l'administration par coloscopie et celle par voie orale.
Premiers éléments en faveur de l’utilisation pour les primo-infections
Les chercheurs ont aussi analysé les données de 18 études portant sur la prise en charge d'une première infection, non récidivante. Parmi elles, seulement deux évaluaient la transplantation de microbiote fécal, qui se révélait encore une fois supérieure aux autres traitements. Mais les auteurs estiment que ces données sont insuffisantes pour véritablement conclure.
Par ailleurs, dans les autres travaux qui n’incluaient pas la greffe fécale, la fidaxomicine était plus efficace que les autres traitements : métronidazole, acide fusidique ou placebo. Les chercheurs attribuent ce résultat à l’action post-antibiotique prolongée de la fidaxomicine dans le temps contre les infections à C. difficile, qui n'est pas observé avec d'autres thérapeutiques.
« Il est important de prendre en compte le contexte et les habitudes des équipes soignantes pour interpréter ces résultats, écrivent les auteurs. Par exemple, dans notre revue de la littérature, la greffe fécale est très efficace contre les récidives, mais a une efficacité moyenne contre les primo-infections. Nous sommes convaincus qu’une partie de l’explication réside dans le fait que la greffe fécale ne fait pas partie des habitudes des équipes médicales dans le contexte d’une première infection, assurent-ils. Nous pensons également que cela va changer dans les années à venir, et que les greffes fécales prendront de plus en plus de place dans la prise en charge d’une première infection, au moins dans les groupes vulnérables (personnes âgées et patients immunosupprimés). »
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