Le pronostic de la mucoviscidose a été radicalement transformé au cours de la dernière décennie grâce à l’amélioration globale de la prise en charge au sein des centres de ressources et de compétences, et à l’amélioration du nombre et du pronostic des greffes pulmonaires.
« Selon les dernières données du registre français de la mucoviscidose, qui datent de 2013, le nombre de patients adultes (50,6Ø%) dépasse pour la première fois celui des enfants, souligne la Pr Isabelle Durieu. Et, témoins du bouleversement du pronostic, les grossesses chez les patientes sont de plus en plus nombreuses : plus d’une cinquantaine chaque année ».
Mais d’autres progrès sont attendus dans les prochaines années, avec l’arrivée des traitements ciblant certaines des anomalies de la protéine CFTR. Un premier médicament de ce type, l’ivacaftor, est désormais disponible. Ce potentiateur sélectif de la protéine CFTR est indiqué chez les patients porteurs de la mutation G551D (et de 8 autres mutations de défaut de régulation de classeØIII du gène CFTR), qui représentent environ 2,5 % des sujets atteints par la maladie en France. Ce traitement s’accompagne d’une amélioration du VEMS, d’un gain pondéral et d’une réduction du nombre des exacerbations. Une centaine de patients sont actuellement traités en France.
Depuis décembre 2015 un autre médicament qui cible le génotype le plus fréquent (mutation F508del à l’état homozygote, qui concerne 40 % des patients français) bénéficie d’une Autorisation temporaire d’utilisation (ATU) ; elle concerne les patients homozygotes F508del âgés de plus de 12 ans. Il s’agit de l’association d’un potentiateur, l’ivacaftor, et d’un correcteur, le lumacaftor. « Le bénéfice clinique est moins important que celui observé avec l’ivacaftor chez les patients porteurs de mutation de classe III, mais il permet d’accroître le VEMS de 3 à 4 % en moyenne, de réduire le nombre d’exacerbations et d’hospitalisations, indique la Pr Durieu. Il devrait être commercialisé, mais son coût est très élevé ».
Les premiers essais menés avec l’ataluren, un autre traitement correcteur évalué dans les mutations de classe 1, ont donné des résultats un peu décevants mais une autre étude est en cours chez les patients ne recevant pas d’aminosides inhalés, qui pourraient être de meilleurs répondeurs.
D’autres correcteurs sont en cours de développement, mais il est évident qu’il ne sera pas possible de tester toutes les mutations – on en dénombre plus de 2000 – au sein d’essais cliniques randomisés. Une autre voie de progrès concerne la possibilité de tester les nouvelles thérapeutiques sur des modèles personnalisés issus de prélèvements tissulaires ou cellulaires du patient (biopsie rectale ou brossage nasal, constituées en organoïdes), qui permettent d’évaluer la restauration de l’activité de la protéine CFTR sur les cellules d’un patient donné.
D’autres essais concernent également des molécules anti-inflammatoires, des antileucotriènes et des anti-métalloprotéases ciblant l’activité inflammatoire bronchique, qui joue un rôle important dans la physiopathologie de la mucoviscidose.
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