« SOIXANTE pour cent du risque de diabète est d’origine génétique. » C’est en ces termes que le Pr Philippe Froguel, diabétologue et généticien, président du conseil scientifique de la Société Francophone du Diabète, a souhaité introduire le lancement du programme « Descendance ». En effet, si nous disposons aujourd’hui de traitements performants pour soigner le diabète, d’importants progrès restent à faire en matière de prévention, et la génétique a son mot à dire. « Le diabète de type 2 est avant tout une maladie familiale, explique ainsi le Dr Guillaume Charpentier, président du CERITD et chef du service de diabétologie au Centre Hospitalier Sud-Francilien. Tout le monde peut prendre du poids mais seules les personnes issues de familles diabétiques et qui ont le patrimoine génétique correspondant vont développer un diabète. » Fort de ce constat, le CERITD, soutenu dans cette démarche par de nombreux partenaires, a donc lancé le programme « Descendance » afin de progresser sur le terrain de la prévention. Le diabète de type 2 étant en augmentation rapide en France - plus de 2,5 millions de personnes touchées aujourd’hui - il est désormais nécessaire de se pencher sur la question du risque.
Outil d’évaluation.
« Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) n’est pas suffisant pour ceux qui sont porteurs des gènes du diabète. » Le Dr Charpentier ne diminue pas l’importance de la question du mode de vie ou des habitudes alimentaires mais précise que l’on ne peut occulter l’importance du patrimoine génétique. Ainsi, en matière de prévention, « il est nécessaire d’intervenir auprès de jeunes gens ou d’enfants dont l’organisme est encore intact, explique-t-il. Et notamment auprès des enfants de parents eux-mêmes atteints de diabète de type 2. » En effet, un tiers de ces enfants deviendra diabétique à l’âge adulte ; mais comment reconnaître ceux qui parmi ces derniers sont les plus à risque ? Le programme « Descendance », grâce à une équation basée sur différents éléments de prédiction, devrait à terme pouvoir apporter des réponses à cette question. « Les éléments de prédiction reposent sur trois facteurs mis en équation, précise ainsi le Dr Charpentier. Les habitudes familiales en termes d’alimentation et d’activité physique, le fait que la mère ait ou non développé un diabète gestationnel au cours de sa grossesse et, enfin, la connaissance des gènes à risque chez les deux parents. » Une équation qui permettra de calculer le risque que l’enfant a de devenir diabétique dans 30 ans.
500 familles.
« L’approche familiale est incontournable pour traiter le problème du diabète, ajoute le Pr Froguel. En outre, la génétique peut permettre de mieux identifier la cause de la maladie et d’adapter les traitements à chaque individu. » La génétique constitue ainsi un moyen de prédire, d’éviter et de comprendre, objectifs fondamentaux du programme « Descendance ». Celui-ci devra désormais permettre de recruter des personnes diabétiques de type 2, dont au moins un parent diabétique est encore en vie, et dont un frère ou une sœur âgé de plus de 3 ans est non-diabétique. L’étude a donc besoin de 500 familles dotées de ce profil pour pouvoir réaliser des comparaisons statistiques fiables entre les profils génétiques des deux enfants. Soulignant l’importance du rôle du médecin de famille pour identifier, conseiller et accompagner les volontaires dans cette démarche, le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’Ordre des Médecins, a néanmoins rappelé l’importance de la confidentialité : « Nous sommes partenaire du programme "Descendance" et le soutenons pleinement, a-t-il ainsi développé. Mais ses nombreux aspects positifs le seront d’autant plus si l’on n’ignore pas la question de la protection des données. » Le programme « Descendance », si 500 familles se mobilisent pour valider cet outil d’évaluation, permettra par conséquent d’identifier des mesures préventives afin de retarder l’apparition de la maladie ou de ralentir son évolution. Une avancée qui ne peut que susciter l’adhésion de l’Association Française des Diabétiques (AFD), qui soutient également la démarche du CERITD. « Sur le terrain nous rencontrons beaucoup de diabétiques de type 2 qui nous disent qu’un de leur parent souffre également de cette maladie, témoigne Gérard Raymond, président de l’AFD. Le message "profane" de notre association rejoint donc tout à fait la démarche scientifique du CERITD. » L’AFD a d’ailleurs fait de la question héréditaire sont cheval de bataille. La Semaine nationale de prévention du diabète, qui se déroulera du 4 au 10 juin 2012, aura en effet pour titre « Diabète : l’hérédité, comme le surpoids, est un indicateur du risque ».
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