Avec les progrès en thérapie génique

Tous les ingrédients d’un dopage génétique sont réunis

Publié le 05/02/2010
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Crédit photo : AFP

DE NOTRE CORRESPONDANTE

LE DOPAGE sportif s’est développé au fil des avancées pharmacologiques et physiologiques.... il y a eu les stéroïdes, puis l’érythropoïétine (EPO), puis l’hormone de croissance humaine.

Aujourd’hui, les avancées en thérapie génique ont apporté les concepts et les outils, et pour certains les justifications, pour la modification génétique de certains traits à des fins d’amélioration de la performance sportive.

« Cette intersection entre la science et le sport soulève des questions politiques et éthiques fondamentales, qui ne peuvent être résolues sans un dialogue sociétal plus large », notent dans « Science » le Dr Théodore Friedmann (directeur du programme de Thérapie génique humaine à l’université de San Diego et directeur du groupe d’experts sur le Dopage génétique de l’Agence mondiale anti-dopage - WADA), avec le Dr Oliver Rabin (WADA, Montréal) et Mark S. Frankel (American Association for the Advancement of Science, Washington DC) .

Il est inévitable, disent-ils, que les mêmes méthodes et concepts de thérapie génique pour traiter les maladies seront appliques à des usages plus larges non thérapeutiques, y compris l’amélioration de traits humains liés au sport.

Transfert du gène de l’érythropoïétine.

Ils citent, par exemple, l’utilisation du transfert du gène de l’érythropoïétine (par vecteur viral adéno-associé) chez les primates pour démontrer une augmentation de la fonction musculaire. Ainsi qu’un travail chez la souris montrant une plus grande performance à l’endurance obtenue par la surexpression du transgene PPAR-delta (Peroxisomal Proliferator-Activated Receptor delta).

Sans surprise, ces approches scientifiques sont connues dans les communautés sportives et un entraîneur allemand s’est fait prendre en train de tenter d’obtenir du Repoxygen, un vecteur de transfert génique qui induit l’expression du gène érythropoïétine. En Chine, un laboratoire de génétique aurait offert des manipulations génétiques avant les Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

D’un autre côté, ces avancées génétiques pourraient permettre de développer des méthodes de détection du dopage plus puissantes que les approches traditionnelles basées sur la détection chimique ou moléculaire soit du produit de dopage soit des marqueurs reflétant l’effet du produit.

La détection de signatures.

En effet, les produits de dopage ont toutes les chances de produire de vastes changements métaboliques, génétiques et protéomiques, qui peuvent maintenant être détectés par des techniques de profil d’expression, pouvant définir des « signatures » moléculaires d’exposition à des produits de dopage spécifiques. Par exemple, un travail en cours chez la souris indique que l’exposition du muscle à l’IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1) peut être détectée par une signature. Bien sûr, ces tests devront être rigoureusement validés.

Enfin, les auteurs soulignent le problème du marketing du dopage génétique sur Internet, un outil puissant pour la promotion et la distribution des produits augmentant les performances. « Ce marketing est d’autant plus préoccupant que la recherche est encore en cours, que la santé d’une personne peut être affectée de façon néfaste, et que la connaissance en génétique du consommateur est faible », notent-ils.

Ils appellent donc à une plus grande vigilance, notamment de la communauté scientifique.

Science 4 février 2010, Friedmann et coll. p 648

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8702